Ces temps-ci, je ferais volontiers un petit voyage. Dans le temps. J’irais camper avec mes amis d’y a plus de vingt ans, dans le bois comme avant qu’il y ait une maison là. Avec la naïveté de la vingtaine, avant de savoir qui vieillirait mal en refusant de vieillir, qui sombrerait dans le complotisme, qui finirait dans un divorce amer ou sur la une d’un journal. C’est un petit courant de nostalgie, ça passera.
À la même époque (jadis!), je bloguais déjà, sur Le monde du vieux bandit. La nostalgie, à ce sujet-là, est pas mal plus puissante. On y croyait; j’y croyais, voyez-vous. Aux blogues personnels. Ça ressemblait un peu à ce que je fais ces temps-ci, mais pas en vase clos, oh que non: l’aspect social et interpersonnel était prépondérant; la réciprocité aussi.
J’aurais de la difficulté à vous expliquer à quel point c’était enthousiasmant, à ce moment d’avant les réseaux sociaux, puisque justement, les réseaux sociaux d’aujourd’hui sont nés de la perversion commerciale de ce que les premiers blogueurs avaient entre les doigts. Je m’ennuie de ces voix-là, de ces rencontres virtuelles. Non, ça n’a rien à voir avec ce qui peut se passer dans les réseaux que j’ai quittés. Au lieu d’agoras publiques où les foules s’entassent (chacun les mains et le regard sur son téléphone) tant qu’on ne distingue plus les personnes les unes des autres, on invitait les gens, un à un, chez soi. Au salon ou à l’ilot de la cuisine pour un café, mais chez nous. Et on les visitait chez eux. Il y avait une certaine intimité qui se créait. Entre personnes, pas entre les marques que ces personnes veulent montrer au monde.
Si quelqu’un blogue encore un peu de cette manière (activement, en 2022), dites-le-moi, vous voulez bien? (Et si vous lisez sans commenter, répétez avec moi: y a pas de troube! Je ne regarde pas mes statistiques, je ne sais pas que vous êtes là, mais les lecteurs silencieux ont toujours fait partie de l’aventure, eux aussi!)