Chute

Parfois, quand on tombe, le temps semble ralentir. On se voit dégringoler presque en arrêt sur image. Même que je profite de ces instants ralentis pour sauver mon café si j’en transporte un (en tombant, on apprend quelles sont nos priorités!) Mais un soir, la semaine passée, je redescendais dire un bonne nuit final à mes enfants, et je n’ai rien vu arriver que je me retrouvais en bas des marches, à me demander si j’avais quelque chose de cassé.

NE TE RELÈVE PAS!, ai-je entendu ma fille me crier. Pas parce que j’étais visiblement amochée: parce que je lui ai enseigné à ne pas se relever tout de suite après une chute. Parce qu’on peut se relever sous le coup de l’adrénaline et empirer son cas. Je suis restée là, à faire l’inventaire des dégâts.

J’ai été chanceuse. En perdant pied, on dirait que j’ai tenté d’amortir la chute avec ma main gauche, qui désenfle depuis et dont la paume vire au noir maintenant, en m’infligeant une bonne secousse jusqu’à l’omoplate (fiou, je suis droitière). J’ai semble-t-il atterri sur la fesse gauche, celle qui me montre l’échymose la plus noire que je me souvienne d’avoir vue, en ralentissant la descente avec ma cheville gauche, éraflée, bleuïssante et un peu enflée. Et pour finir, une bonne bosse derrière la tête (ah, quand même, faisait longtemps que je ne m’étais pas fait de prune!) Très chanceuse. Rien de cassé, peut-être à peine un début de foulure.

Mais ça donne à réfléchir. On vit sa vie comme ça, tranquillement, en sachant que tout peut basculer très vite, mais sans vraiment y penser (sinon comment descendre un autre escalier?!). En une seconde, je me suis retrouvée ralentie et amoindrie pour plusieurs jours (essayez de taper sur un clavier sans main gauche: adieu, a, e, s, r, t!), mais ça aurait pu être désastreux. Dès que je serai vraiment rétablie, promis, j’en serai reconnaissante et je profiterai (en toute sûreté) de mes capacités retrouvées. Et puis bien sûr, en quelques heures, en un jour ou deux, j’oublierai encore. J’espère quand même un peu garder un vague souvenir, une gratitude pour chaque instant qui n’est pas aussi douloureux qu’il le pourrait… Et puis sinon, eh bien… il restera toujours ce billet!

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2 réponses à Chute

  1. Chantale dit :

    Bon rétablissement!
    C’est vrai qu’on oublie vite quand tout redevient à la normale, comme quoi on veut rattraper le temps perdu…

    • Campagnarde dit :

      De ce côté, ça va: la main est presque rétablie, le bras suit, mais maintenant le bleu de la cheville sort et impressionne, ha. Ça achève, mais assez lentement pour que je me souvienne de bien poser chaque pied sur chaque marche, hahahahaha!