La vie, le Web, le faux, le vrai…

Je ne joue pas au piège à clics (clickbait), même si je me fais parfois prendre à cliquer sur ces pièges (J’ai écrit un texte… et vous ne devinerez jamais ce qui est arrivé ensuite!). Je n’ai pas envie de vous dire que voici LA méthode, LA chose à faire, LA façon de le faire, LA vérité. Ni l’unique, ni la meilleure (j’ai lu récemment un article dans lequel une employée de Ricardo disait que jamais-au-grand-jamais leur entreprise n’avait utilisé le terme meilleur en visant un meilleur référencement, un score plus élevé sur Google… et si vous croyez ça, vous êtes pas mal plus naïf que moi…). Je pourrais. Y a eu des fois où j’ai trouvé des titres qui sont restés dans l’imaginaire collectif pendant des années, vous savez. Je fais plus attention depuis. Mais ce n’est pas un jeu auquel j’aime jouer (moi qui déteste la publicité et ses manipulations!) et je ne serais pas à l’aise là-dedans. Je ne me sens plus l’égo pour ça. La certitude, l’absolu, je laisse ça à d’autres. Moi je tâtonne, essaie, rate, recommence, abandonne, lâche prise, avance. Et si je partage, c’est par quête humaine plus que pour bien paraître (hahahaha!) ou faire la leçon. D’ailleurs c’est ce que je cherche à lire aussi: le relatif plus que la certitude. L’expertise, j’y crois de moins en moins. Ou plutôt je crois de moins en moins qu’il faut se fier à l’expertise d’autrui (même si évidemment on n’a pas toujours le choix; il faut alors, quand même, se réserver un doute — du moins c’est ce qui me semble vrai, à moi, maintenant!).

J’ai eu beaucoup de plaisir, à certains moments, sur Facebook, sur Twitter. Vraiment! C’était un peu comme aller dans un bar où on a nos habitudes, où on sait qu’on trouvera plusieurs connaissances avec qui jaser, en plus de quelques amis peut-être. Ah c’est agréable, ça fait passer le temps avec de bons rires, ça permet de confirmer des choses, de se sentir bien et valorisé… pendant un bout de temps. Après un moment, je trouve ça vide (ploc ploc je suis une boule vide). M’enfin.

Je suis lasse de lire de l’absolu en ligne. L’absolu attire les clics, faut croire. Les clics de ceux qui n’ont pas le temps de creuser, de celles qui ont deux minutes sur leur téléphone dans une file d’attente (le temps, il faut meubler le temps, toujours, viiiite! Ne jamais rester seul avec soi-même, quelle torture ce serait!). On veut du clip: court, direct au but, absolu. Plusieurs magazines y sont passés aussi: on abrège, on simplifie, on reste en surface, on remplace par de belles photos bien modifiées et beaucoup d’espace vide. Pour un public qui ne veut plus approfondir, mais qui demande plutôt que la surface soit le plus wow possible. Et c’est ainsi qu’on le dit. L’effet wow. Ouais, bon, pour la qualité linguistique, on repassera, mais ça… ça fait partie de cette mode, qui exige de moins en moins d’un public de plus en plus superficiel. C’est du nivellement par le bas. Et c’est ma lassitude qui explique mon repli, mon quasi silence. Je remets beaucoup en question, côté ton et sujets, intérêts et mots.

La nostalgie ne sert à rien, ou presque. Pourtant j’ai bien envie de vous envoyer voir cette petite BD, qui a suscité une certaine nostalgie chez moi. [Traduction rapide: Atteindre les gens en ligne // Comment c’était avant: Venez, j’ai de belles choses par ici. (site Web de Matt) // Ce qui s’est passé: En fait, suivez-moi ici (FB). Ce sera plus facile pour tout le monde de communiquer. (Bienvenue, nouveaux usagers actifs.) // Où nous en sommes: Hé, j’ai créé de nouvelles choses. Est-ce que tu peux les montrer à mes abonnés? (Verrouillage des portes ACTIVÉ.) // Marde. (PROMOTION! Faites la promotion de cette publication pour 10 000$ et vous rejoindrez une fraction de vos abonnés.)] Eh bien je m’ennuie de l’ère pré-Facebook. Des blogues qui étaient personnels, authentiques. Crus. Pas que j’aie envie de réécrire les mêmes choses ou de plonger dans mes émotions, bla bla bla, là. Mais il y avait alors moyen de tisser des liens entre gens ordinaires devenus auteurs à petite échelle (oui, on peut encore, mais non, ce n’est plus pareil; nous sommes éparpillés entre toutes les virtualités). Et non, désolée, les réseaux sociaux ne permettent pas ça, pas de la même manière. Vraiment pas. Ils ne font pas partie du même monde, ne visent pas la même chose, comme ce n’est pas la même chose d’aller dans ce bar de tantôt pour jaser avec des connaissances que de discuter avec un ami – ou trois! – pendant une soirée intime chez soi (sans réseau wi-fi, si vous pouvez l’imaginer). En ce temps-là, un téléphone dépliable, c’était déjà super méga avant-gardiste. Et ça ne servait qu’à téléphoner, imaginez! 😉

Enfin, bref. Tout ça pour dire que je jongle et réfléchis. Que pour moi, l’instantané, le court et superficiel, le beau mais rien de plus… ça ne suffit pas. Je suis plus seule/solitaire, ces temps-ci, moins entourée (quoique c’est vraiment drôle de dire ça quand j’ai souvent deux enfants SUR moi et un autre, grand, qui me parle!). Ce n’est qu’un repli, un creu entre deux dunes (et puis quand je me prends à m’apitoyer sur mon sort, ce qui me ressemble peu, je finis par me souvenir qu’ici, on lutte contre un vilain microbe; les enfants sont fiévreux et fébriles; moi, surtout fatiguée et amortie. Ça passera, et le plus vite sera le mieux!). Et ça permet de penser à ce que j’ai accepté peu à peu comme réalité, dans certaines sphères, et d’évaluer si ça me convient. Tout ça pour dire (avec moults détours) que d’ici peu, je supprimerai complètement mon compte Facebook (donc on ne pourra plus me joindre par sa messagerie non plus). Au besoin ou par plaisir, c’est pas courriel que l’on pourra me joindre virtuellement. Ou ici, évidemment. (Semblerait que les problèmes d’intrusion sont réglés, jusqu’à preuve du contraire, le nouveau serveur et ses adminsitrateurs ayant fait le travail pour moi – et je les en remercie!)

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7 réponses à La vie, le Web, le faux, le vrai…

  1. Lyne Lavoie dit :

    Comme j’apprécie te lire mon amie!Même sans titre accrocheur!Plus c’est long,plus j’aime çà!Dans ce monde nourri à l’instantannéité c’est bon de prendre le temps de s’installer,d’interrioriser,de réfléchir.Merci!Et que les virus dégagent(les vrais et les virtuels)!!!!

    • Campagnarde dit :

      Ouin, attaques, virus, choses vraiment étranges dans le monde virtuel et réel… mettons que j’en ai ma claque! Aujourd’hui mes petits cocos sont tout amortis, c’est jamais drôle à vivre (mais c’est vraiment rare aussi ici heureusement). Et je tourne au ralentis aussi, ce qui me rend vraiment confuse!

      M’enfin, merci pour tes mots, Lyne. J’avance, je recule, mais c’est bon de te savoir là. 🙂

    • Campagnarde dit :

      Aujourd’hui c’est mon ordi qui s’est mis à me lâcher. Et hier? Hier j’ai appris que gmail ne me donne pas tous mes courriels! alors maintenant: helene [a commercial] campagnonades point com.

  2. Lyne Lavoie dit :

    Heu ta nouvelle adresse je l’écris telle quelle?

  3. Daniel dit :

    « Ne jamais rester seul avec soi-même, quelle torture ce serait! »

    Cette phrase résume à elle seule l’époque dans laquelle nous vivons.

    • Campagnarde dit :

      Hahaha, je n’ai pas de telles prétentions, mais c’est un des aspects de la « vie moderne » qui me dérange beaucoup, oui.

      Pas de pensée solitaire, pas d’ennui, pas de désoeuvrement? Alors pas de réflexion, pas de créativité… et c’est un cercle vicieux. On consomme au lieu de produire, on gobe au lieu de reculer pour analyser. L’empathie est évacuée, comme tout ce qui est à long terme.

      Adieu la résilience personnelle: on n’a jamais été seul un instant (c’est concret, ce que j’avance là: du CPE aux pupitres réunis en équipe au primaire jusqu’au téléphone qui arrive souvent aussi au primaire, jamais un moment en solitaire…). Et on se leurre en pensant faire deux choses à la fois, comme écrire/lire un texto et faire vraiment partie d’un dialogue avec un autre humain.

      Que les choses changent, que les époques ne se ressemblent pas, je veux bien (pas le choix!). Mais là on parle de manipulation à grande échelle, de dépendances créées sciemment par ceux qui en profitent (et pas qu’un peu!) et qui affectent le cerveau de pans entiers de l’humanité. Qui se laisse faire, et qui en devient, selon moi, fragilisée à de nombreux égards. (Et ouvre grand la porte aux extrémismes imbéciles (pas juste nonos!) et ignorants… comme à bien des maladies mentales, dépression et anxiété en tête.)