Potager futur (2.0)

(Mise à jour du billet précédent: la campagnarde en est rendue à sérieusement considérer une visite à la clinique. La campagnarde est en beau maudit. La campagnarde préfère parler d’autre chose.)

À la fois re-campagnarde et nouvelle campagnarde, je mesure depuis près de six mois l’étendue épouvantablement insondable de mon ignorance. (Au moment de démarrer ce site, je pensais pouvoir offrir des modes d’emploi, quelle farce! Non, j’offre plutôt mes essais et erreurs, mes tâtonnements errants!) Du début en trois parties à la suite, du milieu à la fin, je vous ai parlé de mon premier potager (1.0) de l’été 2009. Le tout a été semi-improvisé, partant du carré déjà existant et prenant de l’expansion à partir de là, au rythme de notre fantaisie et de notre énergie. Franchement, durant l’été j’ai été un peu trop paresseuse, mais bon: les plantes veulent pousser et poussé elles ont. J’ai eu de la chance: pas de ravageurs, pas de prédateurs, pas de maladie. Juste beaucoup, beaucoup de mauvaises herbes, que j’ai tout simplement laissées là (l’histoire du fameux rotoculteur, ah làlà… en coupant le chiendent nous n’avons que créé beaucoup plus de chiendent…). Ah oui, car un grand avantage que j’ai, c’est que mon potager n’est pas visible de la rue ni de quiconque. S’il a l’air d’une brousse sauvage, pas de problème. S’il énonce clairement qu’ici vit une jardinière paresseuse, pas de problème non plus, je m’assume.

Pendant l’été du potager 1.0, j’ai beaucoup pensé au potager 2.0. Je le voyais grand, pas mal plus grand (et plus dégagé: cette année j’ai tout planté trop proche), un jour entouré d’une clôture en perches, et dès l’été prochain formé de lits de culture, question de surélever le tout (plus facile pour le dos, et remplir les lits me permettrait d’avoir une bonne terre (lire du compost) au lieu de me battre avec le sol fertile soit, mais compact et bourré d’herbes non désirées au jardin, contre lesquelles je refuse toujours de me battre (j’ai tant d’autres combats à livrer!)). Je m’étais dit qu’à l’automne (oui, c’est maintenant, et non, rien n’a été fait), on recouvrirait une grande section de terrain de papier journal mouillé, pour étouffer ce qui pousse en ce moment, qu’on recouvrirait le tout de petit gravier (une cargaison, et le gravier pousse dans la région: facile!), et qu’on placerait ensuite là-dessus les lits de culture faits. Au pire, que je me disais, l’espace sera prêt et on fabriquera les lits cet hiver, quitte à n’en faire que quelques-uns pour en ajouter chaque année. C’était le projet.

Maintenant, la réalité. La réalité, c’est que nous n’avons pas le bois pour faire les lits, et que je ne sais même pas où en trouver du récupéré. Que je ne suis plus sûre de vouloir un potager en un seul endroit, que je me dis que peut-être qu’on pourrait plutôt placer des légumes ici et là et des fines herbes partout. Que j’aimerais vachement trouver de gros contenants en bois (genre des demi-barils…) à réutiliser plutôt que de fabriquer du neuf. Que les sous me sortent par tous les trous (scuzez…) et que je n’ai pas plusieurs milliers de dollars à investir. Que nous n’avons pas de vraie limite quant à où tout placer, car le terrain est grand et parsemé de plate-bandes, et n’a pas encore l’aspect que je souhaite un jour lui voir prendre de série de petits jardins avec des sentiers, et donc que le potager peut se placer avant tout. Que j’aimerais vraiment sortir du concept normal du potager en rangé à même le sol. Que je ne sais plus trop quoi projeter ni penser. Que, bref, j’ai besoin d’en parler et de recevoir idées, même farfelues, et conseils. Faire comme tout le monde, ce n’est pas pour nous, alors le ciel est la limite, comme dirait mon anglo. Mais voilà, sans barêmes, sans frontières, je ne sais plus que faire ou qu’imaginer. Au secours, maîtres expérimentés!

Voici ce que je sais. Un jour, mais probablement pas en 2010, nous aurons une petite serre. Je préfèrerais ne pas cultiver à même le sol. Je n’ai pas de robinet extérieur, alors il vaudrait mieux penser à la proximité des quelques endroits où je peux facilement récupérer l’eau de pluie. Je ne veux plus jamais rotoculter. Comme les labours, je suis convaincue que c’est une mauvaise idée. Je préfère réutiliser (mais je ne sais où trouver! Tout le monde parle, par exemple, de cours à scrap. Où ça, maudine, où?) et inventer plutôt que d’acheter une solution toute faite. L’espace est vaste et nous permet de placer pas mal ce que nous voulons où nous le voulons (encore faut-il savoir ce que nous voulons!): ce n’est pas comme en ville ou en banlieue, où le terrain est souvent plus petit et déjà délimité par une entrée de garage, une aire de jeux, etc. Je suis incroyablement ouverte aux suggestions et aux idées de fous (utiliser des seaux de plastique blanc pour les tomates? j’y ai pensé et même si ce serait laid, je me suis simplement mise à chercher des façons d’enjoliver le tout)). J’ai le temps de penser et de planifier d’ici le dégel en mai prochain. Quelqu’un a des expériences à partager? Des pistes, des idées loufoques, des instructions?

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8 réponses à Potager futur (2.0)

  1. Bob August dit :

    Allô !

    Accepterais-tu les conseils et idées d’un urbain qui a déjà eu une grande maison et un grand jardin (plus d’un en fait) ?

    >je ne suis plus sûre de vouloir
    >un potager en un seul endroit
    Très très bonne idée. En plus, prends le temps de lire des livres sur le potager écologique pour savoir quoi planter avec quoi (les «combinaisons» de plantes).

    >utiliser des seaux de plastique blanc pour les tomates?
    C’est pas une si mauvaise idée pour tous ce qui ne dure que l’espace d’une saison (annuel). Ou qui n’est pas un légume racine (carotte). Mais pour le reste, pas une bonne idée.

    >beaucoup, beaucoup de mauvaises herbes,
    >que j’ai tout simplement laissées là
    Un truc ; tu utilises l’herbe coupé par la tondeuse et tu l’étends entre les plants. Ça fait un paillis intéressant, ça garde la fraîcheur, ça empêche la repousse de mauvaises herbes.
    Et puis, tu le sais comme moi, il ne faut pas trop mettre d’herbe coupé dans le compost, alors l’idée de tout récupérer comme paillis est doublement intéressante.

    >je me suis simplement mise à chercher
    >des façons d’enjoliver le tout
    Sans tomber dans l’excès d’un jardin sauvage, fais confiance à la nature…

    >formé de lits de culture, question de surélever le tout
    J’ai toujours travailler à genoux, donc j’ai jamais ressentis le besoin de surélever mes plants. Mais je suis le premier à dire que ce n’est pas donné à tous de travailler dans cette position…

    Réflexions…
    J’ai eu besoin de quatre ans pour dire que mon jardin (potager et de fleurs) avait un semblant d’allure, un «modèle».

    Essai-erreur : faut tout noter, pour ne pas refaire les erreurs de l’année dernière.

    • vieux bandit dit :

      D’un urbain, bof. De toi? Oui oui oui! N’importe quand!

      – Le compagnonage! Oui, ça fait partie des trucs que je note mais dont je ne me souviens jamais, à étudier cet hiver!

      – Tu dis qu’éparpiller mon potager serait une bonne idée: pourquoi? (Je m’inquiète un peu des arrosages requis — déjà avec tout en un seul endroit ça demandait plus d’une heure… mais bon, on l’a fait 4-5 fois, c’est pas la fin du monde non plus! Mais avouons-le, 12-15 aurait donné un meilleur résultat!)

      – Les seaux, ce serait juste pour le potager. D’ailleurs je ne parle que du potager. Pour le reste, faudra amender le sol un peu, etc., mais je ne m’y attaquerai pas tout de suite à grande échelle. (Et pour ce qui est des fleurs j’ai une très nette préférence pour les vivaces. Quand je pourrai je ferai des potées fleuries d’annuelles, mais c’est pas demain la veille!)

      – L’herbe coupée chez nous est compostée/réutilisée sur place: on ne la ramasse jamais! Le compost se remplit sans elle, et c’est le summum de l’écologie paresseuse! D’ailleurs notre tracteur à gazon (tout comme la tondeuse dont on a hérité depuis, électrique… pas sûre que je peux trouver une rallonge de 400 pieds, moi!) n’a pas de sac ramasse-feuilles.

      – Travailler par terre: ça demande d’amender ma terre pas à peu près, et elle est mauvaiseherbée à souhait, alors vaudrait mieux les lits, remplis de compost « neuf ». J’imagine que je vais encore travailler à genous, mais sans me pencher, si tu vois ce que je veux dire. Et je continue à espérer tomber enceinte, alors le dos, déjà pas si parfait que ça, je dois y penser… Y a aussi que notre sol est compact et envahi, et pour ouvrir un jardin il va faloir de l’huile de coude (et justement mon coude faut pas trop lui en demander). Et dès qu’on met la pelle dans le chiendent, on le multiplie. Plus facile/paresseux de l’étouffer! Y a aussi qu’en surélevant mes légumes, je les protégerais (un peu) du gel au sol, et que je prévois pouvoir installer des arceaux par-dessus au besoin pour couvrir les plants (plus facile de recouvrir un lit qu’un potager à même le sol!).

      Je note tout, tout, tout. Si c’est pas ici, c’est dans le journal de la maison. Et quatre ans… ça ne me semble pas long du tout. Bon, je me donne quatre ans pour le potager (merde, en restent trois!). Pour l’ensemble du terrain, je me donne une bonne vingtaine d’années. Pas de stress-là pour un autre 15 ans 😉

      T’as pas parlé de la rotation des cultures, mais je sais qu’il faut en tenir compte aussi. Mais le compagnonage et ça, c’est pour la presque-fin: ce qui m’inquiète, c’est le côté pratique, le comment y arriver… et à quoi est-ce que je veux arriver? Me semble que sans ravageurs ni prédateurs, avec l’espace que j’ai, tout est théoriquement possible. Maintenant, je veux savoir ce qui est faisable en pratique, et pas pour des tonnes de bidous (plus le jardinage est populaire plus on tente de nous vendre des cossins, mais je serais beaucoup plus satisfaite de trouver mes propres solutions!). Et pourquoi… Si je comprends bien, tu me dis d’acheter plein de livres? 😉

      (Note pour les non-Bob: Bob et moi partageons plusieurs passions… passionnément! Et il sait à quel point je suis gaga de bouquins! Il sait aussi s’attacher mon coeur à jamais par l’entremise de bouquins… essayez vous aussi si ça vous dit! 🙂

  2. Marie dit :

    Salut,

    J’ai entendu parler du jardinage auto-fertile. Je n’ai jamais essayer, mais ça m’a l’air différent. Ca pourrait p-e t’intéresser.

    http://www.centrenaturesante.com/doss_jardinage_autofertile.html

    Tiens nous au courant de ton projet 🙂

    Marie

    • vieux bandit dit :

      Wow, Marie!

      J’ai suivi ton lien et lu vite vite quelques trucs, et je crois que tu as mis le doigt en plein sur ce que je cherchais! Merci beaucoup: on perd tant de temps parfois quand on ne connaît pas le nom d’un concept! Voilà qui va aiguiller mes recherches!

      Pas de produits, pas de monoculture, pas d’arrachage, des abris pour la faune…! En plein ce que je cherche! Oh que je vais me taper de joyeuses lectures! Merci encore, et beaucoup!

  3. Manon dit :

    Ici on a pas de gazon, on est en plein sous-bois disons, puisque le bois commence chez nous!

    Pour le potager, seul endroit intéressant côté luminosité c’est le terrain à l’avant en bordure de la route. Il n’y a pas d’arbre au sud de cet endroit. Et plusieurs légumes demandent beaucoup d’heure d’ensoleillement par jour. Pas évident selon les saisons ça!!! Au printemps ya plein de soleil, plus tard en été il peut en manquer car les arbres sont bien garnis. Il faut observer environ une année pour avoir une idée de l’ensoleillement et choisir les bons endroits pour les plantes potagères.

    Notre terrain n’est pas plat non plus! Aussi nous sommes ici à ce qu’on appelle la ligne de démarcation des roches et du début des lacs. Notre terrain est jonché de grosses roches, pas moyen de les enlever, faudrait dynamiter alors on vit avec. On se sert justement de ses roches pour délimiter nos lits de potagers au lieu d’utiliser des planches de bois. Ca nous fait des bancs autour du potager pour poser nos fesses et celles des enfants! Disons que ça a pris les gros bras de mon homme et que je l’ai aidé légèrement (même si j’étais enceinte, faite pas ce que je fais je suis comme ça!) pour tenir le ballant parfois en déplaçant les roches.

    On utilise les feuilles morte comme paillis naturel et gratuit. Ça permet de diminuer les arrosages en gardant l’humidité, ca ajoute de la matière au sol en se décomposant et ça empêche les mauvaises herbes de pousser par manque de lumière pour germer .

    Nous en sommes à la 2e année, on a doublé la superficie cette année. Pour remplir nos lits de potager, on a pris la terre de notre fossé qui en réalité est de la décomposition de feuilles mortes essentiellement. De toute façon, le fossé était dû pour être recreusé afin d’assurer un meilleur drainage de l’eau au printemps (pour éviter de miner notre chemin de terre et qu’il soit trop mou, lire s’enliser dedans!). On a ajouter une couche de notre compost fait sur place et terminé avec le paillis de feuilles mortes.

    Le résultat est très satisfaisant à date pour les tomates, le basilic, les cerises de terre, les petits pois et les haricots. Nous allons faire d’autre ajout l’an prochain car nous avons préparé un troisième lit de potager. Nos mauvaises herbes les plus courante à date sont le thé des bois et les fraises sauvages. Quel malheur, il nous est possible de les utiliser!!!

    En résumé, nous on un potager dans nos plate-bande au lieu d’avoir seulement des fleurs.

    Bons essais, c’est ça la réalité! Comme on dit c’est en forgeant qu’on devient forgeron. Ca prend une dose d’expérimentation.

    • vieux bandit dit :

      Merci beaucoup pour ce généreux partage, Manon!

      J’en comprends… que chaque terrain aura ses propres solutions! (Merde, moi qui voulais une réponse facile…) Car ici, plein d’espace dégagé et ensoleillé (sauf justement l’avant, plein d’arbres matures et du jardin d’eau), terrain plat (je rêve de roches! sérieux!), et très peu de feuilles mortes (surtout des conifères)!

      Oh du thé des bois et des fraises… pauvre de toâ! 🙂

      Les chemins qui amolissent, je connais, mais ici c’est pavé devant, alors on n’aura pas le problème. Et les femmes enceintes qui mettent l’épaule à la roue? J’ai des photos de ma mère grosse comme ça… en train de finir le toit de notre maison! (Et après on se demande pourquoi j’ai le vertige…!)

      Le fossé… ça me fait penser que je voulais y aller (je dois passer par la barrière, car des arbres forment une haie dense qui m’en coupent l’accès) avec un sac pour ramasser les cochonneries jetés par les occupants des voitures qui passent… Mieux vaudrait maintenant qu’au printemps (ce sera à refaire de toute façon…).

      Je rigole toute seule: d’une façon ou d’une autre, peu importe ce qu’on me répond, je me dis que la solution consistera à me toruver de jolis bouquins bien utiles. Héhé! 🙂

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