Porc-épic d’Amérique

Je me promenais dans les bois à la fin du temps des sucres. J’avançais vers le bouleau où je voyais un champignon fascinant. Par terre, des restes de neige, des feuilles mortes, de la boue… bref, je faisais attention à l’endroit où je posais les pieds, quand tout à coup, justement sous le pied que j’allais poser… mais qu’est-ce que… oh! Du poil, des piquants, quelques os… pas de doute, un porc-épic (Erethizon dorsatum, Porcupine) est mort là! Ici tout près, un crane avec ses incisives. Comment il est mort? Mais je ne sais pas, moi! Je suis campagnarde, pas CSI des bois!

Deux anecdotes. Quand j’avais six ans, à l’école, on avait organisé un pestak. (Non seulement il faut le dire comme ça, mais il faut aussi le dire vite: trois classes de quelque douze élèves chacune, qui présentaient chansons et poèmes pour les parents). Or, mes parents sont arrivés très en retard (j’avais déjà récité mon pouème) et en bonne élève de première année, j’ai vécu là un drame épouvantable. Sauf que mes parents avaient une bonne raison: notre chien, ma Mammouth adorée, avait pris une bouchée de porc-épic. C’est ainsi que j’ai appris très jeune que les piquants du porc-épic sont remplis d’air. Pour les retirer d’une gueule de chien, il vaut donc mieux les couper, les pincer puis les retirer. Voilà pour la théorie. En pratique… l’autre anecdote. L’été passé, un ami était à la maison. On jasait de tout et de rien quand il m’a dit n’avoir jamais vu de porc-épic dans la nature. Moi non plus, que je lui ai dit. Eh bien pas plus tard que le lendemain matin (!), je promenais Tango dans le champ quand je l’ai vu se mettre à renifler la luzerne à côté du chemin. Il suivait une piste, museau au sol. Mon museau à moi étant plus haut, j’ai vu, à deux mètres de mon chien, bien couché dans ladite luzerne, un beau coussin piquant. Tango! Ici! Et voilà comment la théorie se révèle inutile: on évite la rencontre pratique entre piquants et museau!

Bon… alors quand ce n’est ni mort ni mordu, ça a l’air de quoi et ça fait quoi, un porc-épic?

Le porc-épic d’Amérique est le plus grand rongeur au Canada après le castor. Son corps trapu mesure de 0,65 à 1,03 mètre de longueur avec la queue et pèse habituellement entre 4,5 à 13,5 kg. […] Il a la réputation aussi d’être un excellent nageur. Sur terre par contre, il marche lentement, presque maladroitement, avec un léger balancement de corps sur les côtés. […] Les piquants sont de longueur variable, les plus longs étant situés au milieu du dos et mesurant jusqu’à 7 cm. Ils se détachent dès qu’ils touchent à quoi que ce soit. Il n’est pas vrai qu’ils puissent êtres éjectés. Ils nécessitent une durée de croissance de dix jours à six mois pour être remplacés. Lorsque le porc-épic d’Amérique se sent menacé, il s’immobilise, se met en boule et hérisse ses piquants par la contraction des muscles sous sa peau. Les piquants qui pénètrent dans la chair de l’agresseur ont la particularité d’y pénétrer toujours un peu plus profondément, à une vitesse d’environ 1 mm à la minute. Ce phénomène s’explique par la présence de petits crochets sur les poils qui les empêchent de sortir, mais qui les font avancer à l’intérieur de la chair à chaque fois qu’ils bougent. Nul va sans dire que l’animal piqué souffre énormément. Les piquants peuvent même causer sa mort s’ils provoquent de l’infection ou s’ils perforent ses organes vitaux. […]

Le porc-épic d’Amérique est herbivore. Il se nourrit d’une grande variété de plantes herbacées et ligneuses. En été, sa diète se compose de végétation herbacée, de feuilles d’arbres, de noix, de petits fruits et même de plantes aquatiques qu’il atteint à la nage. Sa diète d’hiver comprend des bourgeons, des jeunes tiges, des aiguilles et surtout de l’écorce interne de nombreuses espèces d’arbres et d’arbustes. Le porc-épic d’Amérique loge dans un terrier pour se protéger des intempéries et des prédateurs. Le terrier est souvent situé à peu de distance des sites où il se nourrit. Il se trouve dans une grotte, dans l’anfractuosité d’un rocher, dans un arbre creux, dans un terrier abandonné ou sous un bâtiment quelconque. L’hiver, un tunnel lui permet de sortir de sa cachette, ce qu’il fait surtout la nuit.

L’été, il se couche souvent tout le jour sur la branche d’un arbre, habituellement un conifère. […] Le porc-épic d’Amérique mène une vie solitaire, calme et tranquille. Il est de tempérament plutôt peu énergique et peu nerveux, probablement car il se croit terrible avec ses piquants et ne craint pas les prédateurs. Contrairement à la majorité des animaux sauvages, il ne fuit pas lorsqu’il est attaqué. Il s’immobilise au contraire, et tente d’exposer le plus possible ses fines armes piquantes.

Il vit en général entre 5 à 7 ans en milieu naturel. Il est la proie du cougar, du carcajou, du lynx, du loup, du coyote, de l’ours noir et du grand-duc. Son pire ennemi est le pékan qui, semble-t-il, l’attaque à la tête. […] Si vous ne l’agressez pas, si vous ne vous en approchez pas trop (environ 10 m), il continuera son chemin comme s’il n’avait pas senti votre présence. Vous aurez plus de chances de l’observer à la tombée de la nuit ou au lever du jour, car c’est à ces heures qu’il est le plus actif. (Source)

Au sujet de ces piquants… Au départ, j’en ai cueilli un pour le rapporter à la maison. N’ayant pas de meilleur contenant pour le placer, je l’ai mis dans un poche intérieure de mon manteau. Erreur! En quelques secondes, la chose a traversé la doublure de mon manteau pour me piquer les côtes! Une poche extérieure a mieux convenu, mais à la maison 25 minutes plus tard, j’ai dû retourner la poche et extraire encore une fois les piquants, partis à l’aventure à travers la doublure une nouvelle fois!

Et les différences entre les porcs-épics et les hérissons (qui piquaient, qui piquaient, mais qui voulaient qu’on les caresse-resse-resse; ah, Émilie Jolie, quelle enfance aurais-je passé sans toi?)? Elles sont nombreuses et énormes.

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10 réponses à Porc-épic d’Amérique

  1. Manon dit :

    « Et les différences entre les porcs-épics et les hérissons (qui piquaient, qui piquaient, mais qui voulaient qu’on les caresse-resse-resse; ah, Émilie Jolie, quelle enfance aurais-je passé sans toi?)? Elles sont nombreuses et énormes. »

    Merci! J’ai écris vite sans prendre le temps de regarder l’autre jour… Mais ils se ressemblent quand même plus que un porc-épic par rapport à un perroquet!!!

    • vieux bandit dit :

      Manon! Tu me donnes envie (mais malheureusement pas le temps requis…) de créer une série de pages « La différence entre… »! Première de la série, la différence entre un porc-épic et un perroquet!

      1) Le porc-épic est généralement moins coloré.
      2) Le porc-épic ne veut pas de biscuit.
      3) Les pirates sont allergiques aux porcs-épics.

      Ça s’écrit tout seul! 🙂

  2. Manon dit :

    C’est assez trivial!

    • vieux bandit dit :

      Considérant que je me suis réveillée à 5h30-quelque l’angoisse au ventre… j’aimerais bien pouvoir passer la journée entière, bien payée (c’est là le problème avec ce projet!), à dresser des listes de différences!

  3. Manon dit :

    angoissée?

    • vieux bandit dit :

      Ouin. Ça va par vagues et c’est pas tout rationnel. Et puis j’ai cessé de fumer y a dix jours et ça me fait danser le roller-coaster intellectuel (montagnes russes, oui, je sais, mais ça se danse moins bien me semble!). Rien de vraiment grave, tsé, rien du côté santé qui attaque un être cher ou rien. Pas de l’angoisse vraiment motivée, juste de l’angoisse 🙁

  4. Manon dit :

    ah ben fait toute les listes que tu veux dans ce cas!!!

    • vieux bandit dit :

      Ça prendrait d’abord le mécène de listes! (Mon cerveau m’attaque par les finances — il me fait des coups bas, le salaud! Faut le faire, considérant qu’arrêter de fumer est une excellente décision financière! Maudine de cerveau tout croche en sevrage! 😉

  5. Manon dit :

    me semble que je vois l’image de ton cerveau qui donne des coups de marteau sur des signes de piastre!!!

    J’ai pensé à toi hier en photographiant mes pots de potage d’asperge!

    • vieux bandit dit :

      Ouin… faudrait lui enlever le marteau! C’est rien de grave. J’ai juste une passe de découragement… sans énergie au moment où il faut tout faire, du potager aux conserves, du terrain à ma petite santé. Le temps file, coule, et vient à manquer. Et l’énergie, ouille. Mais demain qui sait? Au pire la semaine prochaine, le piston va s’enclencher et pouf pouf, ma vapeur va se remettre à me propulser! 😉