Les mots magiques

Je lisais ce billet en me mordant les doigts, car j’avais eu cette idée de livre personnalisé pour les enfants (n’est-ce pas que c’est une idée géniale?) il y a fort longtemps (et si j’avais lancé toutes les entreprises auxquelles j’ai déjà pensé, je n’aurais plus le temps de campagnonner ici, mais j’aurais une armée de jardiniers sur mon terrain!), quand je me suis mise à penser aux livres qui ont marqué ma petite enfance (petite, car à neuf ans je lisais Le Matou; dès que j’ai eu appris à lire, j’ai voulu dévorer tout ce que je trouvais, et c’était avant la grande foison de Courte-Échelle et autres en littérature québécoise)…

Je ne sais pas par où commencer! L’origine de ma passion pour la lecture? La grande bouffée d’amour que je ressens ce matin pour Internet au grand complet? La photo? Allons-y pour la photo. La puce de trois ans, à gauche, c’est moi. Oui, moi, avec des cheveux longs, des pantoufles en Phentex roses (pas besoin de vous dire l’époque, n’est-ce pas…)  et ma tache de naissance presque effacée depuis. L’autre? Le fils d’une amie de ma mère. Et ce qu’il tient? Un trésor! Un livre à MOI! (Parenthèse ici, puisque finalement je change d’idée: ma passion pour les livres me vient, j’en suis certaine, d’une décision de mes parents. Voyez-vous à cette époque-là, la maison n’était pas encore complètement terminée, et mes parents avaient entreposé tous leurs livres tout en haut des bibliothèques incorporées au mur de ma chambre [rose aussi…]. Or, j’étais petite et curieuse, et c’est furieusement que je voulais, un jour, avoir accès à toutes ces pages inaccessibles. Résultat? Aujourd’hui, j’ai… quelques livres, oui…) Un livre qui m’appartenait, et que je connaissais par coeur. Éducatif aussi, et fort utile!

Quand l’Homme était tout aussi petit, alors qu’il réclamait quelque chose, sa mère lui avait demandé le mot magique. Abracadabra, qu’il lui a répondu! Ah, pauvre mère! Il aurait fallu lui donner, à lui aussi, Les mots magiques de Lapinot. Vous avez vu le lien qui souligne le titre? C’est lui qui tient ma joie aujourd’hui! MON livre, que je n’ai malheureusement plus, se trouve entièrement en ligne! Et les images (bon, elles sont petites sur le site, mais…) sont bien celles qui sont gravées dans ma mémoire! Oui, bon, d’accord, étant adulte je trouve un peu étrange que les parents donnent dès qu’ils entendent les mots magiques, mais un livre pour enfants, c’est justement ça: ça n’a pas à être sensé pour les adultes! Le succès de l’apprentissage aurait été moindre si le papa s’était mis, comme l’Homme avec son fiston de trois ans, à insister pour discuter des avantages nutritionnels du sucre!

À trois ans, j’avais peu de livres à moi, et je les chérissais. Tout comme mes quelques magazines Passe-Partout (qu’on se procurait chez Provigo, je crois, et qui contenaient des maquettes à découper pour jouer à Passe-Partout chez soi), que je savais par coeur et avec lesquels je faisais semblant de lire. Trente ans plus tard, je ne fais plus semblant… et je ne laisse plus aller mes livres sans savoir où ils sont. Ça donne à réfléchir… au sens où j’ai tellement manqué de livres quand j’étais petite que jamais je n’ai laissé Coco vivre la même chose. Tu veux lire et découvrir, Coco? Je vais m’assurer que tu en as les moyens. Et pourtant, c’est ce manque qui a déclenché toute une cascade, qui m’a menée à dévorer des milliers de livres (une cinquantaine par année ces temps-ci, en moyenne, sans compter les BD et les très nombreux magazines). On veut toujours donner aux enfants ce qu’on n’a pas eu, mais… si au fond c’était le désir de ce qu’on n’a pas qui était le vrai déclencheur de la motivation, de la persévérance? (Hé, ho, attention, je n’ai dit ni compulsion ni obsession!) Coco lit déjà beaucoup, là n’est pas la question. Je me demande simplement si on lui offre ce cadeau déjà tout cuit, sans laisser le désir étinceler, et s’il n’y perd pas un peu, à long terme, même si bien sûr comme tout enfant (laissez faire les histoires de pré-adolescence, j’en suis à me faire à l’idée et c’est pas demain que ça va arriver), le Coco veut tout, tout de suite. Justement, je me demande si le mot magique (même si c’est plate à dire), pour un parent (une belle-mère, mettons!), ce n’est pas attends.

Lapinot, as-tu dans ta boîte des médicaments pour guérir mon tourment?

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3 réponses à Les mots magiques

  1. Etolane dit :

    Ma puce (3 et demi) fait aussi semblant de lire. Je n’ai pu résister à l’initier aux « Martine… » C’est sa lecteur du soir et de plus en plus c’est elle qui nous fait la lecture en récitant des paragraphes entiers, elle me fait tripper!

    Attendre… De nos jours la patience se fait de plus en plus filiforme… Mais est-ce que ce n’est pas l’attente qui nourrit l’envie?

    • vieux bandit dit :

      Mais oui c’est tellement mignon! Et qu’on n’essaie pas de me faire croire que cet apprentissage-par-coeur ne fait pas travailler férocement les petits cerveaux! Petit Coco le faisait aussi, dans le temps! (bon ça y est: nostalgie!)

      Ben voilà. Sans envie, on fait quoi? 🙁

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