Le coupeur d’anneaux

Je vous l’ai déjà dit et je le répète (quand on radote, vaut mieux au moins le savoir), tout ce qui touche la cuisine (entre autres…) concerne les sens. Et quand j’ai pris possession (à quoi bon se leurrer?) de la cuisine de l’Homme, jadis, il avait un magnifique bol à mélanger en acier inoxydable. Magnifique, oui. Mais j’en suis rapidement venue à le détester (le bol, pas l’Homme, qui n’est pas, lui, en acier inoxydable) à cause de son gros anneau qui faisait gling-gling. Pas moyen de manipuler le bol sans en avoir l’ouie agressée. Rien à faire avec le fichu anneau. D’un autre côté, le bol existait, nous l’avions… Ç’aurait été stupide de ne pas le garder. Alors nous l’avons gardé, et je l’ai évité toutes les fois que j’ai pu… depuis huit ans. Huit ans de lutte avec un bol, c’est un peu fort, je l’avoue. On en finit par développer toute une relation. C’est ridicule, mais je tenais fermement à mon opinion. Et… j’ai gagné! Ah, l’Homme naïf mentionne que nous avons maintenant un coupe-boulon? Tiens, tiens, comme c’est intéressant. Une autre que moi aurait peut-être demandé pourquoi ou combien. Je me suis plutôt écrié: C’est vrai? Alors tu vas me couper l’anneau du foutu bol! Eh oui. La campagnarde, elle ne peut l’écrire sans l’admettre, accroche sur de tout petits pépins. Et malheureusement pour ses satellites (ben oui, quoi, ils gravitent autour de moi! Enfin… de mon point de vue…), elle a eu sa victoire cette fois, et ne démordra pas plus la prochaine fois. Maintenant… cherchons quelque chose à mélanger, juste pour le plaisir du bel outil qui ne fait plus de bruit!

Si je vous présente cette aventure (!) comme une grande victoire, c’est un peu que je n’ai pas le choix de la voir ainsi. Dans la montagne de tâches et d’urgences qui menace de s’écrouler sur les campagnards, il faut voir chaque petite victoire comme un triomphe inespéré. Et quand je pense à tout ce que nous n’avons pas encore comme outils, je me dis qu’il faut voir plutôt le beau côté de l’aventure en grossissant les exploits possibles avec les ressources que nous possédons déjà. Attendez que je vous raconte comment j’ai vaincu la nature elle-même en coupant… une branche d’arbuste. Ou comment j’entends révolutionner la fine cuisine grâce aux ustensiles trouvés sur routes et chemins et récupérés…

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