L’automne, déjà

Je ne l’ai pas vu venir, cet automne. Paf deux gels en deux nuits et le potager était fini (pas fini-fini, évidemment, il reste des légumes racines et de la laitue et la tétragone et pleins de fines herbes et plein de fleurs). Je n’ai rien vu venir. Je suis dépassée. Entre la vie, les projets et les enfants, je suis trop dans ma tête (où c’est rarement jojo) et pourtant je continue de jouer les pieuvres souriantes (ok je fais ce que je peux, alors c’est pas toujours que je suis patiente et douce et hop la vie, mais quand même, bien des gens qui m’ont connue en seraient surpris s’ils me voyaient tenter de garder cap et sourire à travers ce que la vie me pitche dans les tibias parfois). Un de mes sujets de réflexion (réfléchir avec un bébé de 9 mois et une fille de 5 ans, hahaha, vraiment?) concerne ce blogue, ce site. Simplement question de direction, d’attentes, de besoin et de désir. Voilà ce qui arrive quand on se pose trop de questions: on se les pose à jamais. En attendant un éclair de génie, voici une nouvelle collection d’images que j’ai utilisées depuis une saison sur Facebook.
160604-402Mine de rien je reprends goût à la photo. Mon oeil s’attarde, se fixe, se pose, s’attache. Je n’ai pas toujours mon appareil ou le temps qu’il faudrait, mais l’hameçon est bien pris et la ligne tire, c’est clair.
160620-060J’avais un peu arrêté. J’étais un peu dégoûtée. J’ai senti que le partage, après avoir augmenté la valeur de mes images, les en avait dérobées. Ou plutôt que j’avais, au fil du temps, perdu mon but: une photo non partagée, non likée, devenait de moindre valeur à mes yeux myopes, ce qui est archifaux, évidemment (et pourtant…). Une autre réflexion pas arrivée à destination encore. (Je ne m’en veux pas de n’arriver à aucune conclusion: j’ai mis quatre ans avant de retrouver un semblant de cerveau quand ma fille est née, et je n’ai aucune raison de croire que ce sera différent maintenant; pas que je sois sotte, mais le Vraiment Important prend toute la place, et je vous mets au défi de prouver que ce n’est pas exactement comme ça que ça devrait se passer.)
160624-007Voyez-vous un beau ciel de coucher de soleil? Je vois de la culpabilité. C’est fou hein? Ah mais une photo que je prends, c’est un moment dans le temps. Pas un mot que j’écrive qui se grave aussi profondément, jamais. Les mots et le sentiment qui les motive, je les oublie. Une image et je replonge dans le moment d’alors, qui se confronte au présent.
160704-061Nos poules sont un bonheur quotidien. Je vais les voir juste pour le plaisir de leur donner ce qui allait avant directement au compost, au moins une fois par jour. Ce matin, Mabel Cuivrée m’a indiqué qu’elle aimait se faire flatter: une primeur dont j’ai profité! Elles (et les deux coqs) ont cinq mois maintenant, et l’Homme leur bâtit des quartiers d’hiver.
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160730-263Jamais je n’ai eu plus beau basilic que cette année. Et je l’ai tout perdu, huhuhu! Je n’avais pas la tête aux gels, je n’ai rien surveillé, je me croyais mi-juillet… (je ne m’excuse pas. J’ai un bébé et voilà tout. Le reste, tout le reste, vient loin derrière.)
160730-387Les capucines ont jauni, mais elles continuent de fleurir ici, comme bien des fleurs que j’ai choisies sans penser précisément à ça. Ah mais l’an prochain, j’y penserai. Des fleurs passé l’été, c’est… crucial.
160812-005Quelques tournesols sont encore bien beaux. L’an prochain j’espère en avoir PLEIN.
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160825-049Entre la bourrache, les rudbeckies et les hélianthes vivaces, je constate qu’en sept ans de campagne et de Campagnonades, des fleurs, j’en ai aimé, connu, nommé, identifié et cultivé. Jamais je ne l’aurais pensé.
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160825-109Y a là plus qu’un billet, dans l’exploration de ce que je pensais avant et de ce qui s’est avéré. Arriver (ou retourner, dans mon cas) en campagne était déjà un gros mandat, mais c’est était un qui était bourré de décalages entre idéaux, besoins et réalité. Ça aussi, j’y réfléchis. Ce n’est pas un constat plein de regrets, non: toutes les surprises n’ont pas été mauvaises, au contraire. Mais il y a des décalages, c’est vraiment le mot. Et je me tais à ce sujet, ce qui ne me ressemble pas. Me taire pour ne pas heurter (un public hypothétique!). Alors que, de toute façon, on jase et on jasera de moi dans les chaumières et que peu importe ce que j’en pense ou dise, on m’aimera ou pas (et ça ne changera pas grand chose, au fond!). C’est peut-être une question de ton: je manie le mot qui tue à merveille, mais j’ai maintenant besoin de mots plus concilients, moins assassins. Plus authentiques.
160825-131J’ai souvent besoin de quasi perfection. Que ce qui est fait soit fait le mieux possible. Alors je suis devenue traductrice… et réviseure linguistique. Question de voir partout (partout!) des erreurs, des impropriétés, et de ne jamais avoir l’esprit en paix (je me torture à me demander pourquoi on ferait faire imprimer un dépliant, une affiche, un simple signet sans le faire relire, alors imaginez ce que je vis avec les trucs en ligne… Comment vous expliquer que lire un roman stylo à la main est une façon de gérer ça [comme cliquer ici sur Publier avant de me relire une 3e fois…], puisque je peux au moins me dire que la faute sera corrigée pour le prochain lecteur, même si c’est moi dans une version future?). J’avais besoin de ralentir, je suis partie vivre à la campagne, où les saisons me poussent dans le dos et me bousculent, où je sens un besoin pressant de faire plus, toujours plus, et où l’énergie pour ce faire me vient, comme de nulle part, mais où le cycle de la vie, avec ses déclins et ses morts, me courbe aussi vers le sol. Chacun ses paradoxes, sans doute…
160827-017Quand j’ai commencé la photo, c’était en noir et blanc. J’ai eu des bouffées de bonheur dans les chambres noires qui ne venaient pas des bains de solutions d’acide, je vous l’assure. Puis un jour, révélation (quel jeu de mots!). J’avais besoin de couleur. De couleurs. Les tons m’émeuvent comme peu de choses le peuvent. Les verts du printemps. Les éclats du soleil de l’hiver. J’ai tendance à m’attarder à des nuances (des détails, des débuts, des naissances, des renouveaux, des éclats, des lueurs, des motifs) que la plupart des gens ne voient pas (et souvent, ça, je ne le comprends pas… mea culpa, encore… voilà une partie de mon sentiment de «différence»: je le capte pour le montrer et encore on ne le perçoit pas… mais la faute n’est peut-être pas toujours mienne…).
160827-019Ce n’était pas mon année pour les tomates, j’en ai parlé. Mais je donne les moins belles, les tombées, aux poules. Ça aide à moins me sentir comme si je m’étais donné une claque en pleine face.
160905-035Les cosmos continuent d’ouvrir leurs boutons. Je songe à en couvrir le terrain entier. Juste pour le plaisir.
161005-137Le terrain *presque* entier, devrais-je dire! 😉
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