Chapeaux (mais pas vraiment)

Vous en portez combien, vous, des chapeaux, dans une journée ordinaire? Un? Beaucoup? Trop? Aujourd’hui je trouve que je dois en porter «sur le bord de trop». Mais bon, ça varie selon les jours. C’est juste qu’aujourd’hui, entre le chapeau de traductrice et le chapeau de maman, ça fait beaucoup… et quand on ajoute un rhume et une grossesse en même temps, ça déborde un peu. Si ce n’était que mon rhume, ça serait déjà quelque chose (tousser avec des abdos écartelés par sept mois de grossesse, là, euh… ayoye). Mais c’est le sien aussi, et elle n’a pas (heureusement) l’habitude de la toux. Ce qui fait qu’une quinte de toux peut vite devenir… une grande tasse de lait au chocolat vomie partout sur la table, en dessous, sur elle, sur moi… ce qui fait qu’un matin enrhumé ordinaire, avant même de me verser une tasse de café, devient une opération ménagère longue et ardue. Qui commence par un déshabillage, passe par la douche et l’alimentation du feu dans le poêle (pour s’y sécher après), remonte vers les oeufs durs mis à cuire avant le désastre, continue avec un rhabillage, un nettoyage de plancher-table-chaise-coussin et la planification d’un second lavage (rien que ça à faire, moi)… alouette.
151023 075C’est le fait qu’on n’a plus de biscuits au chocolat comme elle les aime. Que pour diner j’ai dû attendre que le pain soit cuit, parce qu’hier j’aurais dû en faire un et que je n’ai pas fait l’effort. Que les réfrigérateurs sont remplis de trucs qu’il faudra jeter parce que je suis vraiment durement enrhumée et que les congélateurs sont pleins (et que le gros est mort et que j’ai pas les moyens de le remplacer même si ça permettrait mille économies). Que j’ai plein de lait au frigo à transformer en fromage à la crème et juste pas l’énergie de le faire depuis trois soirs. Que par-dessus tout ça j’ai du travail. Que la puce explore ses cadeaux d’anniversaire sous forme de matériel de bricolage, ah c’est beau à voir, vraiment, ça réchauffe le coeur, mais c’est du ramassage après aussi. Que chaque soir y a un souper à faire.
151023 077Évidemment je ne suis pas seule là-dedans, à porter des chapeaux. Mais dur d’en demander davantage à mon Homme qui recommence à travailler à temps très plein, qui revient heureux mais exténué et plein de poussière… et qui s’est levé très tôt pour promener les chiens et déjeuner avant le boulot. Ou à l’adulescent en stage 40 heures par semaine, qui cherche à caser une vie sociale à travers tout ça. Et ça revient à moi. Comme c’est moi que la puce appelle au milieu de la nuit (faut dire que c’est moi qui l’entend aussi…), moi qui me lève et règle les pépins du genre besoin d’un mouchoir, besoin de la veilleuse qui projette des étoiles ou maman-je-trouve-plus-mon-lit (c’est hilarant, mais moins au milieu de la nuit).
151023 078Depuis longtemps je ris jaune des articles dans les magazines dits féminins (qui sont surtout destinés aux jeunes filles selon moi de toute manière) qui posent la question de la superwoman. La superwoman qu’on dit mission impossible. Qui est pourtant le lot de beaucoup, il me semble. Tout avoir, peut-être pas… mais être tout, ou presque, porter tous les chapeaux, parfois deux ou trois à la fois? Ben oui. C’est d’même. Pas pour tout le monde. Mais pour moi… pas le choix, vraiment. Parce que si je laisse tomber le non-essentiel… je meurs un peu. Prenons l’exemple de ce site. Je le délaisse parfois… et il me manque un morceau de moi, un morceau de voix. Ne pas écrire, c’est… nier que j’en ai besoin. C’est vrai pour tout le reste: acheter du pain, vous dites, ça serait plus rapide et facile. Oui… mais moins bon. Et pas si facile avec une épicerie lointaine (et des véhicules partis ailleurs), pas si abordable, pas si à notre goût. Envoyer la puce à la garderie, oui, bon, je sais que c’est encore une possibilité. Qui me forcerait à me déplacer deux fois par jour (avec quel véhicule encore?), à gérer l’écart entre ce qu’elle vit et voit et ce que nous voulons qu’elle vive et voit, à payer pour le service, etc. Bref bien sûr que le portage de chapeaux multiples est un choix, je ne le nie pas. Je ne me plains même pas. C’est juste que certains jours, la tuque déborde. Ou la tête manque, c’est selon.
151023 076M’enfin, c’est mon premier gros (méga…) rhume depuis des années. Faut pas lire ici beaucoup plus que ça: il m’a ramassée pas à peu près. Et y a des jours, rhume ou pas, où il y a quelques chapeaux de trop. Pas chez vous? J’essaie de rester calme, de remettre à demain ce qui doit l’être, de rester indulgente envers moi-même. De demander de l’aide précisément comme j’en ai besoin (même si parfois ce n’est pas de l’aide que je demande, mais une participation juste aux tâches communes). Certains jours tout va bien et je peux faire moi-même cent cinquante, deux cents trucs. D’autres jours je cherche la porte de sortie, tout me semble trop (et ma bédaine me dit que je vais en rajouter pas mal, des chapeaux, bientôt). Et avec le rhume, je me demande où je voulais en venir avec ce billet. Nulle part, vraiment. Juste parler de ma réalité un peu. On vit dans un drôle de monde. Chacun brille ou veut briller en public… mais la réalité, parfois, a plutôt des airs de lait au chocolat transformé en vomi projeté. C’est d’même!

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