Raccommoder et s’accommoder

J’ai mentionné dans le numéro 7 de La foliole que j’avais comme projet de repriser plein de trous, de façon visible et ludique (quand on n’a pas de talent pour la couture à la main, on dit que le résultat est ludique, et le tour est joué!). Quoi, vous n’êtes pas encore abonnés à La foliole? C’est pourtant facile, et puis on s’y amuse beaucoup.

J’ai commencé avec mon vieux chandail gris. J’ai poursuivi depuis avec un coussin, des jeans, des camisoles… et je continue, à temps perdu, avec mille fils colorés (10$ pour 100 mini-écheveaux de fil à broderie de toutes les couleurs, qui me permettront de faire bien plus de 100 réparations). Je ne suis pas douée, mais donnez-moi quelques années, et on verra. Pas pressée, la madame.

Ayant déjà cette idée en tête, ce n’est pas surprenant que ce texte dans le Globe and Mail ait fait vibrer une corde (un fil!) sensible ici. Je vous avais déjà dit que le Konmari, de Marie Kondo, me tapait sur les nerfs, mais maintenant, je peux mieux expliquer pourquoi! La joie, c’est pas une philosophie. S’arranger avec ce qu’on a, avec ce qui peut encore servir, avec ce qui n’est pas le plusse beau/bon/meilleur/neuf/moderne/tendance, mais qui est utile et sert encore, c’est simple: c’est logique, intelligent et écologique. Jeter ou donner ce qui est encore bon mais ne crée pas de joie, c’est ajouter aux problèmes des décharges publiques et des centres de tri (sans parler des magasins qui vendent tous les dons revendables et qui débordent d’objets, de vêtements, de cossins qu’on fabrique pourtant encore à pleines usines!).

Je suis entièrement d’accord avec l’auteur: quand on décide de jeter ou de donner ce qu’on a acheté, oui, ça devrait faire mal. Oui, on devrait se sentir coupable (et évidemment jurer de faire mieux la prochaine fois) d’avoir acheté une gugusse inutile ou mal faite et de devoir la jeter. C’est un choix qu’on fait, et c’est bien souvent le choix de gaspiller (ça vous procure de la joie, dit comme ça?).

On a (collectivement comme espèce) à changer en profondeur notre rapport aux biens matériels. Il faut utiliser ce qu’on a déjà jusqu’à ce que ce ne soit plus utilisable. D’ailleurs c’est la conclusion la plus récente que j’ai lue au sujet des sacs: plastique, papier, tissu, compostable, ce n’est plus l’important – l’important, c’est d’utiliser les sacs qu’on a, et de les utiliser jusqu’à ce qu’ils ne soient absolument plus utilisables.

J’ai eu comme une illumination récemment (à cause de ce texte, dont j’ai parlé dans le numéro 11 de La foliole, envoyé ce matin)… Ma grand-mère faisait partie d’une génération (la dernière ici…) zéro déchets. Pensez-y. En 1940 à l’Île-aux-Oies, pensez-vous que le camion (une calèche?) d’éboueurs (un cousin pis un mononcle?) faisait ses rondes hebdomadaires? L’image me fait rigoler, mais si on y pense un peu… ce n’est pas si reculé dans le temps, et encore une fois je regrette de ne pas avoir pu connaître Aimée, qui en aurait sûrement long à dire (c’est de famille…) sur notre époque.

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