Une semaine

Merci, merci, merci, système de santé! Dans une semaine, j’aurai eu mon échographie; on pourra savoir ce qu’il faut faire et avec quelle urgence, si c’est bien, comme mon médecin le croit, un anévrisme aortique abdominal. (La seule opération que j’ai subie de ma vie, c’est quand à 17 ans j’ai fait enlever mes dents de sagesse… ça me fait peur, mais pas autant que de mourir subitement d’un anévrisme éclaté, alors le plus vite ce sera réglé, le plus vite je pourrai mieux respirer. Et passer au reste de ma vie.)

Demain soir (je l’écris pour la postérité…), les régions de Montréal, Québec et Chaudière-Appalaches passent «au rouge», avec les visites chez les autres interdites (entre autres) pour 28 jours. Voilà qui me coupe de ma mèreune deuxième fois en 2020, et qui annule la visite d’anniversaire traditionnelle de ma fille en ville, elle qui va avoir 9 ans cette semaine. Ça annule aussi toute célébration en personne du 78e anniversaire de ma mère plus tard le mois prochain. Mes doigts sont fermement croisés pour qu’en Mauricie, tout continue de ne pas trop mal aller. Je risque bien d’avoir besoin d’un lit dans un hôpital, et aussi, d’ici-là, je tiens à ne pas devoir être intubée pour cause de COVID, vu cette soudaine co-morbidité qu’on me découvre.

Ce que je vis en ce moment est déstabilisant (c’est 2020 en entier qui l’est, déstabilisante, je sais bien). Je n’ai jamais eu la santé précaire, je ne me suis jamais forcée à ralentir (plutôt le contraire…). Plein de réalités tourneboulées, bonnes comme inquiétantes. D’un côté, je n’ai jamais été si mince, j’ai vaincu mon surpoids, et du coup éliminé certaines douleurs qui semblaient pourtant chroniques (et je me trouve jolie et j’aime mon corps ainsi, même si personne n’en veut et personne d’autre ne le regarde, et c’est pas en pandé-confi-mi-nement que ça se règlera). Je suis forte, aussi, physiquement. Et la souplesse revenait, avant que l’anévrisme me coupe le yoga. D’un autre côté, je suis émotivement/affectivement absolument seule comme je l’ai rarement été (par contre j’ai de bons amis, de bonnes amies, sans qui je ne saurais plus trop où me garrocher). Et ça zigonne mon estime de soi (y a comme un écart dément entre qui je suis et comment la personne que j’avais choisie me perçoit, ça ne s’explique pas pour moi, et il faudra que la torture de sa présence cesse pour que je me remette). Bref, des montagnes russes. Ce qui est sans doute bien normal. Hâte que ça passe (les manèges, très peu pour moi!).

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6 réponses à Une semaine

  1. Richard Antoine dit :

    Un plaisir de te retrouver ici malgré les circonstances, chère cousine d’amour. Je suis de ceux qui pensent qu’en plus des gens qui t’aiment, toutes les «forces de l’univers» t’accompagnent afin que ces moments difficiles te dirigent sereinement vers une plénitude et un avenir plus enrichissant à tout point de vue. Comme l’écrivait Kafka, «Croire veut dire : libérer en soi ce qui est indestructible, ou plus exactement : se libérer, être indestructible… être». Sagesse qui te va comme toute la beauté qui t’habite.

    • Campagnarde dit :

      Des mots comme ça, moi je les tisse serré et je me roule dedans! (Les tiens, là, *avant* ceux de Kafka!)

      La sérénité, ça sera pour plus tard (je m’efforce de respirer pour le moment…). Je me gave des écrits du Dalai Lama, ces temps-ci, et je commence à comprendre que la compassion dont parlent les bouddhistes… je l’offre aux autres sans me servir d’abord. Je commence à travailler à changer ça.

  2. Clément dit :

    « Plein de réalités tourneboulées… ça zigonne… »

    C’est ça, tout à fait ça… 2020…

    Merci d’écrire, les mots aident à faire passer les maux.

    • Campagnarde dit :

      Merci de lire, Clément. (Je te lis aussi chaque fois; je suis juste pas super interactive/tournée vers l’extérieur ces temps-ci.)

      Les mots et les maux, c’est une chose, mais sa savoir entendue/lue… c’est un vide à combler, un autre, chez moi. Le temps, les circonstances font glisser les choses progressivement, et un jour on se rend compte qu’on a fini par accepter moins que ce dont on a besoin. C’est bien beau m’auto-remplir, mais un moment donné, la pompe tourne à vide. Alors voilà, ça mène à un retour à l’essentiel, à un dépouillement, à une simplicité qui feront du bien.

  3. Martine dit :

    Pas contente de te savoir souffrante mais contente de te savoir en vie. Et en belle plume, comme toujours. Bises chaleureuses (et sanitaires)

    • Campagnarde dit :

      Merci, Martine. Ma môzusse de plume, justement, a besoin de sa faire brasser et/ou lâcher lousse. Y a du blocage profond là, et… c’est à régler. (Oui, j’ai toute une liste. Moi quand on me force à faire un bilan… ça peut être déstabilisant, mais ça va faire du ménage.)