Un ruisseau d’ail

Si vous jardinez et que vous faites pousser de l’ail, vous le savez: c’est assez facile, il suffit de planter des caïeux bien dodus à l’automne et votre ail poussera au printemps. Il suffira de casser la tige florale pour que la plante se concentre sur son bulbe souterrain, que vous pourrez récolter au milieu de l’été, et d’ici là, la fleurette vous rendra sans doute fou de joie. C’est la façon classique pour avoir de l’ail (à tige dure, vu notre climat) au potager au Québec. D’ailleurs hâtez-vous si vous devez trouver pour l’automne votre ail à semer: ça presse un peu.Il y a trois ans, chez moi, j’avais planté mon ail dans un nouveau lit, que j’appelle ruisseau parce qu’il est tout en long mais arrondi aussi. C’est que nos trois mélèzes abattus pour cause de grands pics et d’insectes/maladies ont été débités et, en bûches, redisposés par terre pour former de tout simples lits de culture. On a mis dedans, pour les remplir, ce qu’on pouvait. Et voilà: le terreau faisait dur pas mal. Résultat, le printemps suivant, l’ail qui y a poussé était tout petit, rachitique et, pire… quand est venu le temps de le récolter, ses tiges avaient déjà tant séché qu’elles avaient en grande partie disparu.
Qu’est-ce qu’on fait dans ce temps-là? Vous, je sais pas. Moi? Aaaaaaaaaaarien. On laisse ça là, on achète de l’ail à planter ailleurs et à manger pour l’année, et on oublie la chose. L’an passé j’ai cueilli la fleurette qui a poussé… mais pas les bulbes. Du tout. Et cette année? J’avais du bel ail qui poussait ailleurs, et il m’a fourni plein de fleurette, alors l’ail du ruisseau… j’ai décidé de le laisser fleurir.
Mais ces fleurs-là… sont formées d’une multitude de bulbilles!
Et à mesure que les tiges sèchent et penchent vers le sol, tirées par le poids des bulbilles, eh bien… elles vont d’elles-mêmes me semer plein plein plein d’ail. Ah, il faudra enrichir mon terreau bien pauvre, oui. Et il faudra attendre quelques années aussi, que les bulbilles deviennent vrais bulbes. Jardiner, c’est savoir patienter. Et ça, je sais le faire. Je m’emporte haut et fort souvent, et pourtant j’ai une réserve de patience inimaginable.
Et on verra bien ce qui arrivera avec ça. Mais c’est fort, la vie. Et j’ai bon espoir, un de ces prochains étés, de pouvoir me servir à volonté dans un ruisseau non pas d’eau, mais de bulbes bien juteux. La seule intervention à laquelle je réfléchis, mis à part l’ajout de compost et de paillis, c’est de couper moi-même, à l’automne, les têtes de bulbilles… pour les faire «tomber» en les semant plus uniformément. En fait… surtout pour que tout reste entre les rives du ruisseau au lieu de partir à l’aventure en vain dans un gazon au sol trop dur.

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3 réponses à Un ruisseau d’ail

  1. Lyne Lavoie dit :

    Cette année,j’ai une abondance de beaux gros bulbes d’ail comme jamais je n’en avais eu!Une cinquantaine d’entre eux seront replantés et je serai enfin autosuffisante en ail.YÉÉÉÉÉ!Ton expérience m’intéresse au plus haut point.À suivre donc!

    • Campagnarde dit :

      Cette expérience-là peut se faire à petite échelle: suffit de laisser 2-3 fleurettes faire des bulbilles et de les replanter! 🙂

      Mes bulbes de cette année sont beaux mais ils peinent à sécher, suspendus qu’ils sont. L’humidité, cette année, ouille!

  2. Ping :14-15 mai au jardin — Les campagnonades