Transe et extase

Je vous ai brièvement parlé des festivals El Hal et Éclipse l’an passé. Parlons-en davantage. Il était une fois une future re-néorurale (suivez, chose! C’est de moi qu’on parle!) de vingt-neuf ans (il était une fois, ok là?), qui aimait le camping mais pas du tout du tout (du tout!) la musique électronique. Elle était, à ce moment, rédactrice en chef d’un magazine. Or le magazine a reçu une invitation à tenir un kiosque (pour donner des magazines, ce qui s’est révélé moins heureux que prévu vu l’humidité) lors d’un festival de musique électronique en plein air. L’héroïne de notre histoire a reçu deux billets et des caisses de magazines. L’idée d’aller passer quatre jours en pleine nature la réjouissait. Mais l’idée de la musique à tue-tête (de la musique électronique, ouache, on s’en souvient) pendant quatre jours sans arrêt (mais oui il y a des pauses! L’après-midi!), ça… non. La future campagnarde regardait son Homme s’emballer en faisant la moue. Mais quel âge avait-elle encore? Vingt-neuf ans. L’héroïne s’est dit que si, à vingt-neuf ans, elle n’osait pas prendre un aussi petit risque, alors ç’en était fini. Adieu veaux, vaches, cochons… (excusez-la, elle est restée marquée par les fables que Lafontaine a pillées à Ésope) à jamais…! Que non! Fonçons!

Cette année… nous serons à Éclipse, ce festival (pour le 10e anniversaire! C’est vraiment à ne pas manquer!), pour la… sixième fois de suite. La future campagnarde a ajouté une corde à son arc, celle de la transe psychédélique! Eh oui! Il a suffi de quatre jours pour faire de moi une convertie convaincue! Ah, mais ta hantise de la musique électronique? Dans certains cas, elle demeure! La musique house, soi-disant faite pour danser, me laisse froide… et immobile. La transe? C’est autre chose! Et le mot est bien choisi, car une sorte de transe, toute naturelle, s’installe. L’an dernier, en quatre jours, j’ai dormi environ cinq heures. Sans mal. C’est qu’Éclipse est un espace-temps hors du monde (je convainc tous et toutes d’abandonner leurs montres), où le temps, élastique, se module autour des bulles de savon, de la liberté joyeuse et totale de tous (des vêtements fous ou de peu de tissu, des jeux, des combats d’épées en mousse, des courses folles pour le plaisir), du bonheur complet de se savoir rassemblés pour le plaisir. Éclipse, c’est un grand village qui se forme pour moins d’une semaine: il faut voir le champ se couvrir de tentes de toutes les couleurs et les participants s’en venir par centaines vers la scène, tous souriants, tous illuminés par une lumière irréelle (et pourtant!). Éclipse, c’est plus d’amis chaque année! Et des amis uniques, car ils ont laissé derrière leur vie de tous les jours et ses tracas. Ils portent peut-être un trois pièces cravate toute l’année, mais moi je les connais habillés de chanvre blanc, dansant au soleil levant, se baignant en riant dans les eaux froides de la Gatineau. Éclipse, c’est la transe faite espace! Et la transe, c’est un sous-monde de la musique électronique.

Quand je tente de décrire l’expérience, on me parle souvent de rave. Je veux bien, mais pour moi un rave c’est par définition un événement semi-illégal, organisé un peu à l’improviste… et ça n’existe plus depuis lontemps. Mais si ce que vous avez en tête c’est une musique débridée qui joue toute la nuit, des lumières de toutes sortes, des jeux de couleur, des illusions joyeuses et une danse frénétique, alors oui, vous voyez juste. Mais j’ajouterais bien davantage! Éclipse, c’est un espace sans jugement. Relisez ça: un espace sans jugement! Petit, gros, chauve? Complexée par la cellulite et les rides? Voyons donc! À Éclipse, tout le monde se parle, tout le monde s’aide au besoin. Chacun fait ce qu’il lui plaît, sans nuire à quiconque. Une utopie? Oui! Et durable, puisque éphémère! Mais non ce n’est pas un paradoxe: Éclipse offre une liberté si puissante que le retour est difficile… mais facilité par une chose: l’assurance qu’on y retourne l’an prochain. C’est comme si le rêve déchu des hippies se trouvait réalisé, en concentré: paix, amour, lumière, liberté, respect, tout en un. Parmi des milliers de gens. (Oh, je le sais, si ça durait un mois je déchanterais; d’où justement l’intérêt!)

Une histoire de droye? Pantoute! Une histoire d’extase! Le Coco en sera à sa troisième Éclipse, et il en redemande! Avant d’arriver au site, la première fois, je lui ai fait quelques mises en garde. D’abord, ne jamais boire dans la bouteille d’autrui (on ne sait pas si c’est vraiment juste de l’eau…). Ensuite, oublier la règle qui veut qu’on ne parle pas aux inconnus, car à Éclipse, les inconnus (du moins en situation publique) peuvent rapidement devenir des amis. Ensuite? Eh bien attention mon Coco, ton papa et ta belle-mère vont se mettre en mode vacances. Hourra! Ah oui, notre mode vacances, il connaît: il se retrouve avec deux adultes qui disent plus souvent oui que non, et qui répondent encore plus souvent mais mon chéri tu n’avais même pas besoin de le demander, bien sûr que c’est oui! En quelques heures d’observation, il avait tout compris: ici, chacun sort ses jouets (qui des balles pour jongler, qui un cerceau, qui des poi enflammés!) et s’amuse tout en amusant les autres (l’an passé j’ai eu mal aux bras à force de faire des bulles de savon géantes bien trop longtemps, tout simplement parce que ça amusait deux jeunes enfants; mais non, on ne les connaissait pas… et après?). Envie de danser? On danse! Ici ou là-bas! Envie de te coucher? Mais qui t’en empêchera? Envie de manger? La glacière est là! Pour un parent relax, amener un enfant (sociable) à Éclipse, c’est la facilité même. Nos amis l’ont adopté, et lui-même nous en a fait connaître de nouveaux! Coco, je vais me chercher une crêpe, tu en veux une? Facile, je vous dis!

Voici quelques photos des éditions 2007, 2008 et 2009 d’Éclipse, d’El Hal (tout près d’ici!) 2009 et d’autres événements du style… Pour trouver des événements de transe, LE site est Rave.ca, sur lequel vous me trouverez!

Pour vous donner une idée de ce que c’est, la transe psychédélique, je vous envoie découvrir cette vidéo et les suivantes. Mais attention: même dans la transe, il y a de nombreux sous-styles (j’ai un faible pour la transe du lever du soleil), et même ceux qui préfèrent un rythme moins endiablé trouvent leur compte à Éclipse, car on y offre généralement deux scènes, l’une solaire (la principale), l’autre lunaire. Cette année, surprise! Il y aura aussi une scène stellaire, toute nouvelle, à découvrir! Faut pas s’inquiéter du volume, qui va des vibrations sourdes (sous votre tente loin dans le champ) au très fort (en passant devant un haut parleur j’ai été prise de vertige!) à l’avant de la scène. Et côté DJ, là non plus, ne pas s’inquiéter: les amis de Tech Safari n’invitent que la crème de la crème. Pas besoin de les connaître, ils iront vous chercher (et bientôt comme nous vous les connaîtrez).

Une note importante pour les anxieux comme moi: une des caractéristiques principales de la communauté internationale de la transe, c’est sa liberté et son absence de jugement. Vous dansez, si ça vous chante, comme vous voulez (d’ailleurs à 165 BPM, chacun peut trouver son sous-rythme et danser comme il l’entend!). Vous vous habillez comme vous voulez. Personne ne vous observe (s’ils le font et que vous croisez leur regard, ils vous souriront!), personne ne vous juge. Oui, les gens sont en majorité dans la vingtaine, ils sont beaux et musclés (oui, parce qu’ils dansent longtemps et souvent!), mais n’importe qui est automatiquement accepté, sans ce petit regard de haut en bas et de bas en haut des rencontres dans le monde dit normal. À Éclipse, on va retrouver des amis de six à cinquante ans passés, avec qui on va danser, partager et s’amuser. Comprenez-vous que je sois rapidement devenue accro?

Je vous parle de tout ça pour deux raisons. D’abord, j’ai écrit ce billet en réponses aux questions d’une de mes soeurs d’âmes trouvées en ligne. Mais ensuite, joie et bonheur frétillant… mon Homme commence dès dimanche à animer une émission à CH2O FM, notre radio locale! Son émission, Transeformation, sera diffusée (y compris en ligne!) de 22 heures à minuit, tous les dimanches. Et c’est cette semaine que l’aventure commence!

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5 réponses à Transe et extase

  1. bob august dit :

    Promis, je vais tenter d’être à l’écoute ce dimanche, de Montréal – vive la radio en ligne.

    • vieux bandit dit :

      Oh qu’il sera heureux de l’apprendre! Le pire? Je vais me coucher avant la fin, moi! Mais c’est pas grave: il va rapporter un enregistrement.

      Tu nous diras si c’est évident pour toi qu’il est anglophone. Moi je crois que oui, mais c’est que j’ai passé trop de temps à Montréal! Ici, sans une aussi grande habitude de l’anglais, les gens le croient Acadien ou francophone… des Maritimes! (Je trouve ça trrrrès mignon!)

  2. Etolane dit :

    Connais-tu dans Barbe Bleue? il y a une phrase qui reviens: « Anne ma soeur Anne ne vois-tu rien venir au loin? Et je ne sais pas pourquoi mais soeur-âme m’a fait penser à cette phrase jaillie de mon enfance. Merci encore d’avoir partagé en avant première avec moi ce joli texte. Et c’est définitivement une expérience que je suis prête à essayer un jour! 🙂

    Bravo à ton homme, je vais essayer de l’attraper un dimanche soir! 😉

    • vieux bandit dit :

      Hihi, de Barbebleue, je connais surtout ta citation, que je n’aurais pu rattacher à aucune histoire précise!

      On se reparle pour El Hal! 🙂

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