Lecture

En entrant ici, bien des gens sont supris de la quantité de livres qu’on y trouve (plus de 2 000, pour ceux qui n’ont pas accès à ma base de données…). Eh bien. Pour moi, c’est normal. Non: c’est nécessaire! Oui bon vous me direz qu’il existe un lieu qu’on nomme bibliothèque… oui… pis? C’est justement une bibliothèque qui a causé ma collection: un jour j’ai dû y rapporter un livre et je ne le souhaitais pas. On ne m’y a pas reprise! Et avant que vous ne me le demandiez, non je n’ai pas encore tout lu (quoique ça progresse) et oui je relis souvent des livres que j’ai déjà lus. Ajoutez quelques chroniques livres que j’ai tenues, et vous ajouterez des livres donnés par les éditeurs. Ajoutez les amis qui réussissent encore à trouver des livres que je veux sans avoir (c’est un exploit, et je suis encore ébahie de ce que mon Coco a réussi, pour Noël, à m’offrir un livre que je ne connaissais pas mais que j’ai adoré… au point de commander les suivants, et j’ai pas fini: il en reste trois qui ne sont pas encore publiés!).

Mais ce n’est pas des livres physiques que je veux parler: c’est de la lecture. Un espace imaginaire… dont j’ai absolument besoin. J’ai appris à lire avant d’arriver au primaire, et je n’ai jamais arrêté. Ce n’est même pas un choix! Si la vie fait en sorte que je ne lise pas pendant quelques jours, je deviens d’humeur massacrante et dépressive, sans savoir pourquoi. C’est quand j’y pense un peu que je trouve la solution, et elle fonctionne toujours. Je lis le matin, au retour de la promenade du chien, avec mon café. Je lis en dinant. Je lis pour faire une pause après ma journée de travail. Des magazines, beaucoup. Des livres, aussi beaucoup.

[Au Québec] Les femmes lisent en moyenne 20 livres et les hommes près de 16 livres par année en 2004. (source PDF, page 18)

Au moment d’écrire ceci, je suis en train de lire mon 22e livre en 2010 (on trouve au même endroit mes listes de 2005 à 2009; je ne m’attends pas du tout à ce que ça intéresse qui que ce soit, mais je trouve pratique d’y avoir accès parfois). Je ne vise jamais un nombre précis. Non: de nombreux pans de ma vie sont très organisés, mais jamais ma lecture ne l’est. Tout au plus aurais-je envie, pendant une lecture, de décider laquelle sera la prochaine (parmi les livres qui m’attendent). Je lis en français (bien sûr) et en anglais. Probablement plus souvent en anglais, question d’auteurs et de styles fétiches et… de prix du bouquin (je vous refile une adresse pratique (magique, oui!) pour des livres neufs pas chers; surtout en anglais, mais aussi en français parfois: BookCloseouts.com). Et je lis surtout de la fiction, même si je lis aussi autre chose. Mais la fiction est plus propice à l’évasion, et c’est un peu ce que je trouve dans la lecture. Pas une évasion de quelque endroit que ce soit, mais une escapade mentale au pays des mots (sur la page) et des images (dans ma tête). Je ne veux pas dire par là que je cherche la légèreté: le roman le plus sombre est autant une évasion, et il m’attirera davantage que le dernier tome de Chick-lit 101. Je lis ce que j’ai envie de lire, peu importe la date de parution (j’ai un faible pour le 19e siècle français). D’ailleurs je fais de même avec les films et la musique: que ce soit neuf ou pas, si c’est bon, c’est tout ce qui compte. Je ne suis pas de celles qui connaissent toutes les nouveautés, ni qui choisissent une lecture en fonction de sa popularité (quand je le fais, normalement parce qu’un livre m’est prêté, je suis souvent déçue; je pense à Nelly Arcan, qui a beau s’être suicidée, ce n’est pas une raison pour que je lui trouve le moindre talent; et vlan!).

Quand je vous dis que lire me permet de rester aussi saine d’esprit que je le suis, c’est très vrai. Prise dans les transports en commun urbains sans livre, je frise la crise de panique. Si j’écoute la télé et qu’une pause publicitaire arrive, j’appuie sur le piton mute, et je lis. Oui, même à coups de trois minutes. Et il est extrêmement rare que je ne finisse pas un livre entamé. Je m’obstine. Si je déteste, je détesterai jusqu’à la dernière ligne (même la dame Bovary qui n’en finissait plus de crever). Les livrels qui débarquent? Je n’en vois pas l’intérêt. J’ai besoin du papier, besoin de tourner la page ou de la corner (je me donne le droit de le faire dans mes livres, mais malheur à vous si vous prenez cette liberté!), besoin de pouvoir transporter où que ce soit, besoin ensuite de placer le livre à sa place, au milieu de ses semblables. Le seul avantage que je vois au livrel, c’est que je garde l’oreille ouverte: si on annonce véritablement la mort du livre papier, moi j’achète tout ce que je peux et je vis le reste de ma vie heureuse, en marge entre mes murs de papier. Mes livres, monsieur, n’ont pas besoin d’être rechargés, ne me lâcheront jamais avant la fin. Et mes chats et moi pouvont les jeter par terre sans craindre d’invalider leur garantie. Je peux les prêter, je peux les donner. Si j’en brise un, je n’ai pas perdu accès aux autres, et il peut être réparé. Le livrel évacue le côté sensuel que la lecture exige pour moi.

Je n’ai pas de snobisme en lecture. Oui bon, les romans légers, de ceux qu’on recommande pour l’été (vive Louis-José Houde qui exprime mon propre désarroi devant cette idée-là!), ne m’attirent pas souvent (pourtant j’ai tout lu de Diana Gabaldon et j’en redemande!). Mais la même chose est vraie des trucs très théoriques, qui m’endorment, et de certaines écritures pompeuses, dans lesquelles le vocabulaire cherche à surprendre par son érudition (on repassera, merci, j’ai pas envie de passer mes loisirs avec un interlocuteur qui ne trouve hot). Mais je suis bonne lectrice: je me laisse entraîner dans l’histoire, je donne sa chance au coureur (mais je ne lui pardonnerai pas une incohérence non résolue à la fin! Ah non: j’aime les histoires bien ficelées, et j’ai la mémoire vive qu’il faut pour ce genre de détail!). Ah, je suis parfois déçue, mais je prends des risques! Ces dernières années, je suis tombée dans la marmite de potion magique de Terry Pratchett. Il a beau être prolifique, j’ai tout lu trop vite. Depuis je cherche à trouver ailleurs un autre auteur qui aurait autant de folie jumelée à de l’ironie, autant de parodie sans mépris. Pas facile, mais la quête est agréable.

À qui je fais confiance pour me recommander un livre, un auteur? À bien peu de gens, en fait. Quelques amis (avec mention spéciale à celui, qui sait qui il est, qui m’a parlé de Pratchett!); ma mère, parfois. Je suis une lectrice autodidacte, qui se laisse guider par son instinct… et par ses lectures. Car si je lis très rarement des critiques de livres (l’avis de quelqu’un d’autre? Et ça vaut quoi pour moi, je vous prie?), je lis souvent des entrevues et des articles de magazines qui me mènent à des découvertes éclectiques. Je note les titres, je finis par en trouver certains, qui me mèneront ailleurs encore.

La lecture, c’est aussi l’apprentissage. Ma bibliothèque de référence a gonflé (c’est justifié!) depuis notre arrivée ici. J’ai une idée, un projet, une question? Mon réflexe, n’en déplaise à l’Internet, sera de trouver le bon bouquin et de le dévorer ou de m’y référer. Oh, souvent l’Internet servira de complément (et servira… à trouver et à commander ledit bouquin!), mais ce qui est naturel et bon pour moi, c’est de m’assoir tranquillement, un bon ouvrage en main… et pas à mon bureau! Chaque livre de cette bibliothèque-là m’ouvre tout grand des centaines de portes! Que de choses à apprendre, que de possibilités! Qu’on veuille arrêter avant de les avoir découvertes, ça je ne comprends pas. Et justement, la lecture fait si intimement partie de moi que je ne peux m’en dissocier. Je ne peux même pas mieux expliquer le pourquoi, le comment: c’est ma nourriture spirituelle, celle qui me sustente toujours à la perfection. Elle me remplit la cervelle d’idées, de projets, d’images, de rires, de malheurs cathartiques: elle est là où tout commence!

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15 réponses à Lecture

  1. Manon dit :

    Moi aussi j’ai besoin de mes livres.

    C’est vrai qu’internet est juste un petit complément. Moi je l’utilise parfois pour amorcer une recherche sur un truc, mais je préfère me procurer les bouquins qui vont me rester. Un bouquin, on se rappelle la page, l’image, la photo. On peut le consulter vraiment partout avec ou sans électricité.

    Sur internet, j’ai trop peur de ne plus retrouver un truc que j’avais trouvé vraiment intéressant. Ça m’est arrivé trop souvent de retomber sur un lien qui ne fonctionnait plus, qui avait été retiré, ect. Internet c’est comme du junk food de lecture si je peux dire. Lisez maintenant, essayez pas de retrouver dans 2 ans! Pas de danger que ça arrive dans ma bibliothèque.

    Si la technologie devait disparaitre, on moins j’aurais mes livres de référence et mes romans bien précieusement avec moi.

    • vieux bandit dit :

      Ah c’est très vrai, ça: j’ai une mémoire très visuelle, je peux te dire « je ne sais pas quelle page, mais dans le coin en bas à gauche »! Et dans mes livres de référence je place plein d’onglets adhésifs (que je peux réutiliser) colorés. Un favori dans mon FireFox, c’est bien beau, mais… encore faut-il que je m’y réfère.

      S’ajoute à tout ça le fait que je travaille à la maison, et que mon ordi est dans mon bureau, mon lieu de travail. J’ai vraiment pas envie d’y passer ma soirée! Surtout que j’ai passé la journée assise là! (aussi bien aller… m’assoir ailleurs!)

  2. Catherine dit :

    Lecture… Soit dit en passant, ta bibliothèque me fait baver. La mienne (je l’ai commencé il y a 2 ans) ne contient que +/- 70 livres que j’ai tout lu par contre… Les livres que je n’ai pas lu s’empile dans un coin de ma chambre (une vingtaine)…

    J’ai également commencé ma bibliothèque pour ne pas redonner un livre à la bibliothèque. Depuis, étrangement, je lis beaucoup plus. Je les ai, j’ai pas d’échéance à la lecture. .. Ça m’aide à lire on dirait.

    Je peux lire de façon boulimique (un livre finit en une nuit au détriment de mes travaux) ou de façon tortue agonisante (en deux mois). Je peux prêter mes livres, mais je déteste qu’il ne me revienne pas… Mais je continue de prêter, en espérant pouvoir échanger sur le livre. Je rends toujours les livres qu’on me prête et et je les lis toujours. D’ailleurs, je finis également toujours un livre. Je lis de tout, mais surtout de la non-fiction (des histoires possibles?)… Je lis principalement en français, en anglais pour les cours et allemand pour le plaisir (but de cet été lire Seul dans Berlin en Allemand…)

    Ces temps-ci, je n’ai pas trop le temps. (ou plutôt je ne trouve pas le temps…) Ah, et pour seul dans berlin, je ne sais pas si tu connais mais c’est super bon. Le meilleur livre que j’ai lu cette année. L’auteur c’est Hans Fallada. Heu.. Moi j’ai aimé. C’est qu’une suggestion. (j’en parle à tout le monde…)

    J’extrapole. Bon en gros, Lecture powaaaa. Haha

    • vieux bandit dit :

      T’en fais pas: ma bibliothèque croît depuis… oh boy! Près de 20 ans!

      Des histoires possibles… tu m’intrigues! Tu n’as pas dit « histoire vraie »!

      Ah, apprendre une langue (enfin, sa version écrite) pour lire, ça j’admire! Le plus loin que je me suis rendue en allemand, c’est acheter (et lire) un livre bilingue, avec l’allemand d’un côté et le français de l’autre. Je me souviens plus trop à quel point je me suis entêtée…

      • Catherine dit :

        Des histoires possibles. Qui pourrait se passer, qui pourrait être vraies mais qui ne se sont pas passées…. Exemple facile, « ensemble, c’est tout » d’Anna Gavalda, ça pourrait arriver mais c’est une fiction. Mais c’est plausible. Donc c’est pas une histoire vraie car ça ne c’est pas produit mais ça aurait pu se passer. C’est plus clair?

        Pour l’Allemand, aucun mérite, c’est ma langue maternelle… Enfin aucun mérite pour le parler… Un petit peu pour lire (j’ai appris à 12 ans) et beaucoup plus pour l’écrire (j’apprends encore… T_T )

        • vieux bandit dit :

          Ah! Donc de la fiction, mais réaliste! (Non fiction: essais, biographies, histoire, etc.)

          Je m’éloigne de plus en plus de ça (sans jamais le délaisser complètement, on s’entend!). J’aime un brin de folie fantaisiste! Mais bon, ce que j’aime vraiment tout plein, ce n’est pas évident à trouver (maintenant que j’ai lu tout Pratchett et tout Douglas Adams… tiens donc, mais j’aime la tournure British! Fascinant!).

  3. Mijo dit :

    Beaucoup de similitudes dans notre façon de lire.
    Par contre, ma biblio personnelle est très pauvre. Je suis abonnée à la bibliothèque de la petite ville proche de mon village.
    Je suis travailleur autonome et au début de mon activité il ne m’était pas toujours évident de me dégager un salaire et le peu que j’avais, je le gardais de côté pour les enfants et les voyages alors que l’adhésion à la biblio correspond au 1/3 du prix d’un livre de poche neuf !! Gratuit pour les moins de 20 ans.
    Avec les enfants, nous sommes fourrés pratiquement toutes les semaines dans cette biblio. Le choix est assez grand et si on ne trouve pas notre bonheur on peut faire venir le bouquin de la grande ville.
    Maintenant que je gagne mieux ma vie, je pourrais m’acheter mes propres livres mais non, j’aime toujours autant me rendre à la biblio.

    • vieux bandit dit :

      Ah oui, si j’avais des enfants (le Coco a sa propre bibliothèque bien garnie, et n’est pas ici quand celle du village est ouverte, un maigre deux heures par semaine), j’irais à la bibliothèque publique, c’est certain: j’ai un souvenir si extraordinaire de mes visites que je ne voudrais pas manquer ça! Moi je partais d’ici, où la bibliothèque fait une seule pièce. J’arrivais à Ville Saint-Laurent, dans une bibliothèque extraordinaire, avec tout un étage réservé aux enfants! Je ne connaissais pas le mot « orgasme » alors, mais je m’en approchais!

  4. alairlibre dit :

    Il est vrai que l’univers que l’on se créé en lisant est un véritable oasis pour la santé mentale!

    Je ne lis également que ce que j’aime: quelques biographies, beaucoup de romans historiques, du fantastique, du Marie Laberge, du roman du terroir, Josée Blanchette, livres de plein air et de méditation, etc.

    Quelques styles sont sûrement très bons (Michel Tremblay, Dany Lafferière) mais je n’aime tout simplement pas. C’est comme ça.

    Je viens de terminer de bâtir ma nouvelle maison et, dans le salon, il y a un espace prévu entre 2 grandes fenêtres, pour ma bibliothèque. Que je vais bricoler de mes blanches mains, oui madame! Et dans mon salon, il n’y a pas de téléviseur: c’est un lieu où on jase, on se colle devant le feu, on écoute de la musique ou on lit.

    J’ai beaucoup de livres et la majorité proviennent de bouquineries. J’adore les bouquineries!! Fouiner, manipuler tous ces livres « déjà aimés », faire de merveilleuses trouvailles et ne pas être obligée de me restreindre à cause du coût: génial!!

    • vieux bandit dit :

      Bienvenue chez nous, airlibre!

      Ah, quel bon usage pour tes blanches mains! Je rêve d’une bibliothèque sur mesure! Je la voulais rouge avec des portes vitrées, mais j’ai dû revenir sur terre: mes meubles tenaient toujours, et le budget post-déménagement avait fondu en réglant maintes autres situations. Compromis: on a enlevé le dos des biblios, et peint les murs rouges!

      Le salon ici a une télé, mais cette télé justement ne sert qu’à écouter de la musique! On y a branché de bons haut-parleurs et un lecteur de DVD qui lit les CD. Le salon, c’est là où je lis le matin et où je me détends (en lisant…) après le boulot. C’est là que l’Homme et moi nous racontons nos journées avant de penser au souper. Le téléviseur qu’on utilise est en bas, dans la salle familiale. Celle-là est destinée à la détente… médiatique! 😉

      Mon bonheur quand, adolescente, j’ai découvert les boutiques de livres d’occasion, je ne peux même pas l’exprimer! Je suis devenue avide et vorace! Hmmm tu me donnes le goût, là…

  5. La Marmotte dit :

    Tiens, on se rejoint encore une fois.

    Je suis aussi accro à la lecture.
    Depuis que j’ai appris à lire en première année, j’ai toujours un livre qui traîne avec moi.

    Deux ou trois livres en cours sur ma table de chevet.

    Et MES classiques, ceux que je relis aux 6 mois ou presque.
    Mes préférés.
    Ceux qui me transportent même si je connais les tenants et aboutissants du récit.

    Pour la postérité, je viens de compter les ouvrages de ma bibliothèque: 176.

    Je m’en vais sur 22 ans… j’ai le temps d’en accumuler d’autres!

    (Il y a aussi une autre bibliothèque, dans ma cuisine, qui accumule les livres de recettes.
    J’en suis à 78 de ce côté.
    Ma mère dis que j’en fais une vraie fixation! Hihi)

    • vieux bandit dit :

      Les livres de recette, c’est presque une obsession distincte! Enfin, moi je suis pas très forte là-dessus (j’aime bien les feuilleter, mais de là à les utiliser…), mais j’en connais qui sont fanatiques! Pour les livres de recette, grosse exception cependant: je les préfère salis, tachés: ça prouve qu’ils sont utiles! (Et ça finit par servir de signet: facile de retrouver une page gondolée!)

      Ah c’est bon, la postérité! Prends une photo de ta bibliothèque! Ça sera super pour comparer un jour!