Citation: La peur de l’étrange(r)

Il m’arrive parfois de noter ou d’autrement conserver une citation que je trouve importante, qui me parle, qui m’émeut, qui me frappe en plein coeur ou qui me lance dans une réflexion. Ou encore qui s’inscrit dans une réflexion qui se poursuit sur le rond d’en arrière. J’ai parfois envie de la copier ici, alors je viens d’ajouter une catégorie justement pour cela, pour y verser des citations. Je n’ai pas toujours envie d’en rajouter une couche: parfois, la citation se tient bien droite, toute seule et sans aide. Parfois c’est plutôt que je n’ai rien à dire encore: je réfléchis. J’attends de trouver les autres morceaux du casse-tête pour voir quelle image je finirai par obtenir.

Je commence par celle-ci, dont la vérité est assourdissante et peut-être bien universelle dans nos régions, parce qu’elle concerne la peur. Celle qui prend aux tripes et nous paralyse.


Contexte: l’auteure Érika Soucy a réagi sur Facebook (sa réponse mérite d’être lue) aux propos de Bernard Gauthier (dont le nom n’est pas Rambo, alors revenons-en pour ne pas en faire un personnage de BD, car il est plus inquiétant qu’une caricature) lors de son passage à Tout le monde en parle, et était interviewée à ce sujet à Ici Première lors de l’émission Le 15-18 du 16 janvier 2017 (j’ai entendu l’entrevue à la radio, qui donnait le contexte, puis je suis allée lire sur FB; je n’ai pas vu TLMEP et je ne connaissais pas cette auteure avant).

«De Tadoussac à Natashquan, y a une trâlée de villages au milieu où c’est magnifique, mais y se passe rien parce qu’on a peur des étrangers; c’est dur à entendre, mais moi, c’est ce que j’ai observé.»

— Érika Soucy

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5 réponses à Citation: La peur de l’étrange(r)

  1. Lyne Lavoie dit :

    En 1988, nous avons eu un conflit avec la Municipalité de notre village par rapport à une nuisance par le bruit d’une nouvelle industrie.On nous a traité d’immigrants et d’étrangers comme si on avait pas voix au chapître vu qu’on était là seulement depuis 10 ans!

    • Campagnarde dit :

      Seulement 10 ans, effectivement, de nouveaux arrivants! 🙂 Ici, si tu es née ailleurs et que tu as déménagé ici à un jour de vie, tu resteras toujours une étrangère. Enfin, c’est l’impression que ça donne. Moi je suis née ici mais je n’y ai pas grnadi; mes enfants sont-ils natifs de deuxième génération? Rien n’est moins sûr!

      C’est une excuse pour exclure. On sait ben, tu peux pas comprendre, toi. Comprendre quoi? Ah ben… là est la question, souvent. Et moi je comprends rien. Manifestement.

    • Campagnarde dit :

      Et on dit qu’on veut attirer des familles. Mais tsé. Des familles d’ici. Euh… quoi? C’parce que les familles dont on a besoin, celles qui apporteraient du sang neuf et un vent de renouveau (ce dont on ne veut pas *vraiment*, oh que non!) sont en ville, en ce moment. Et elles ne viennent pas ici parce qu’il n’y a pas d’école, pas d’infrastructure, pas d’offre culturelle, pas d’Internet haute vitesse et surtout, SURTOUT? Parce qu’on ne veut pas *vraiment* d’elles. M’enfin. Quand on voudra vraiment attirer une nouvelle population, des habitants différents, je pourrai avoir des choses à dire; en attendant ça ne sert à rien, je ne suis qu’une étrangère et je fais peur. BOU! 🙂

  2. Bruno dit :

    Coïncidence ? J’ai justement noté quelques citations au cours de mes lectures cette semaine (ça faisait longtemps que je ne m’y était pas adonné) et… il se pourrait qu’elles résonnent un peu avec celle dont tu nous fais part. D’abord deux petites pensées de Raymond Cousse. « Je hais l’espèce humaine en général, mais ne puis m’empêcher de l’aimer dans le détail. Je tourne en rond dans cette névrose. J’ai cent raisons de ne pas me suicider, mais aucune de survivre. » (Extrait de « L’Envers vaut l’endroit », récit de son voyage en Australie en 1986).
    Une autre, du même auteur : « L’humanité n’a trouvé à ce jour sa raison d’être que dans le meurtre. Elle ne s’accomplira que dans sa propre destruction. »
    Et puisqu’il faut bien en rire, surtout quand la discussion sur les signes religieux des étrangers s’emballe dans les petits villages blottis dans la neige du Québec où il n’y a pas un seul étranger en tenue traditionnelle à l’horizon (celle-ci est de Raymond Queneau) : « Je suis un inculte parce que je n’en pratique aucun, et un insecte parce que je méfie de toutes. »