En bateau sans eau

Je suis rarement malade, mais depuis Noël je me sens comme sur un bateau, mais sans l’air marin, sans poéssons qui nagent autour, sans varech ni goémond (j’arrête là parce que je vais pleurer tant je m’ennuie de Natashquan). Ça tangue. Le plancher valse sous mes pieds, mes yeux peinent à se fixer sur un point précis, et ma tête veut exploser. Ou en fait pas exploser mais battre une cadence sans rythme dont je me passerais bien.

À quoi servent les bons amis si ce n’est à vous dire Heille ça va faire va voir ton médecin? À plein de choses, mais celle-là vaut cher (merci, Chantal). Alors sans espoir aucun j’ai appelé à la clinique, au groupe d emédecine familiale où j’ai un dossier assigné à un médecin de famille (et où les enfants sont assignés à une infirmière praticienne qui se rapporte au médecin, ce qui est vraiment génial). Fallait rappeler lundi, quand son horaire pour février serait disponible, ou m’essayer aux aurores par téléphone deux jours par semaine pour le sans rendez-vous. L’espoir sous le tapis, j’ai rappelé lundi. Vous souvenez-vous du son d’une ligne engagée? Moi oui: je l’ai entendu à chaque redial. Une heure plus tard, nouvel essai et… miracle. Une petite place pour les urgences, que l’on m’offrait… pour trois heures plus tard. Oui oui, le jour même! Je ne sais même plus combien de fois j’ai dit merci.

Le médecin dit que je lui décrit des symptômes de sinusite. Je suis repartie avec une ordonnance pour de la cortisone et une autre pour des radiographies. Après la pharmacie, un peu découragée à l’idée de l’hôpital, j’y suis allée. Eh bien! Pouvez-vous croire que cinq minutes après mon arrivée, je prenais mon petit jeton pour payer le stationnement (pas 12$ comme dans le temps à Montréal, non: 2$!), mes radios étaient prises, je n’avais attendu qu’environ 12 secondes, le temps que la technicienne place ses trucs? Moi je peine à le croire et je pense bien que c’est moi qui l’ai vécu! (Non mais je vous l’ai dit, tout tangue autour de moi, tout le temps, y a plus rien de trop clair ni net…)

Je vous raconte tout ça parce que ça vaut la peine de s’attarder parfois à ce qui fonctionne. Des hics et des cahots, dans le système de santé, il y en a, c’est certain. Mais des choses qui fonctionnent, des gens qui se démènent pour bien servir la population et qui y réussissent, il y en a. Du dévouement, ça, on le sait, on le voit et on en parle parfois, mais de l’efficacité dans notre système de santé, oh, on en parle moins. Alors j’en parle pour faire contre-point, pour encourager les efforts des professionnels qui se dévouent: c’est vraiment apprécié.

D’ailleurs on dit souvent que le système de santé est plus problématique en région. Je vis en région, moi! Et c’est ici que j’ai eu un médecin de famille pour la toute première fois, en seulement quelques mois sur une liste d’attente régionale bien publicisée. Le groupe de médecine familiale de Louiseville (et voilà bien une ville qui n’est jamais dans les médias pour de bonnes raisons, elle qui abrite le «doc» Mailloux et son équivalent politique, le maire à noeud papillon qui veut la peine de mort et une prison locale et écrit à Donald Trump) — le groupe de médecine familiale de Louiseville, dis-je, réussit à faire un travail essentiel, et à le faire bien, de façon fort efficace. Soulignons les réussites autant qu’on (et là «on» m’inclut infiniment!) chiâle sur les pépins!

Maintenant, jetons l’ancre — moi je veux descendre. Enwèye, la cortisone, désenfle-moi les sinus que je revienne sur la terre ferme! (En espérant que ce ne soit que ça, une banale sinusite débilitante, qui me fait sentir plutôt cruche ces temps-ci…)

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2 réponses à En bateau sans eau

  1. Lyne Lavoie dit :

    C’est vrai que vu de loin on a l’impression que le système ne fonctionne plus du tout.Mais,quand on y a recours,on voit le dévouement et le professionnalisme en action.Je ne nie pas qu’il y ait des problèmes et que la direction prise par les hauts dirigeants est souvent questionable et même condamnable mais ceux qui sont sur le terrain,tout ceux(ou presque) qui sont au plus près des malades,se démènent et le font avec coeur.
    Je souhaite que tu puisses aborder sur un rivage stable dans les plus brefs délais!Foi de fille qui a le mal de mer mais seulement sur une vraie embarcation!

    • Campagnarde dit :

      C’est bien ça le pire: en bateau, j’ai pas le mal de mer! C’est moins pire, les étourdissements. Pas le reste. C’est long mais je ne peux que penser que ça va s’améliorer. (Ma mère qui me dit qu’avant de tomber enceinte de moi elle a eu une sinusite pendant… deux ans! Au secours!)