Citation: Carol Deppe et la résilience

Voici, en traduction libre, le début de The Resilient Gardener, de Carol Deppe. Ce bout de texte m’a complètement accrochée, et son auteure m’a conquise. Ceux qui le souhaitent peuvent plutôt cliquer sur l’image pour lire le texte original.

Jardinage et résilience

Pendant dix ans, j’ai pris soin de ma mère, âgée et malade, alors qu’elle était alitée et sombrait peu à peu dans l’oubli. Elle est finalement morte à la maison, en paix, ma main dans la sienne. L’expérience a valu la peine, mais ça a été ce que j’ai fait de plus difficile dans ma vie. À certains moments, mon potager et mon jardinage me procuraient un réconfort et une satisfaction immenses. Ils m’enracinaient. Ils m’apaisaient et me remettaient sur pied. Ils me rappelaient les bases. Ils me menaient régulièrement vers des moments et des espaces de contemplation, qui me permettaient de prendre du recul. Ils me donnaient aussi quelque chose à montrer et à raconter à ma mère qu’elle comprenait encore, qui lui donnait encore du plaisir. Elle adorait voir et toucher les fruits et les légumes délicieux, de couleurs vives, et m’écouter lui raconter ce qu’ils étaient et comment, exactement, je les avais cultivés. Elle oubliait les histoires, mais elle aimait les entendre. Et elle aimait encore bien manger. Des aliments vraiment magnifiques issus des variétés les plus savoureuses, récoltés à point et préparés de manière optimale : voilà un plaisir particulier. Ma mère a profité de ces bons aliments jusqu’à la fin. Le potager a contribué à nous soutenir tous les deux, physiquement et émotionnellement.

Pourtant, il est arrivé souvent que mon jardin se désintègre ou qu’il m’accable au lieu de me soutenir. Des urgences médicales ont exigé tout mon temps et toute mon attention pendant des semaines. Mon jardin n’était pas entretenu jusqu’à ce que ces urgences prennent fin. J’ai souvent perdu des récoltes entières et la plus grande partie du travail de toute une saison parce que j’étais incapable de m’occuper du jardin à des moments critiques. J’ai parfois moi-même souffert de problèmes de santé et de blessures qui ont eu un impact sur mon jardinage. Quand j’avais le plus besoin d’aide, mon potager causait souvent des pressions et contribuait à mes problèmes au lieu de les soulager.

De nos jours, nous avons tendance à concevoir nos jardins et notre jardinage pour les bons moments, quand tout va bien. Ce n’est pas ce dont nous avons besoin. En réalité, il y a presque toujours quelque chose qui cloche. Les moments difficiles sont normaux. Mon expérience du jardinage pendant que je prenais soin de ma mère m’a aidée à voir que je devais jardiner différemment. Mon potager devait être pensé en sachant que la vie, en réalité, est faite de hauts et de bas. Il y a de bons moments et des mauvais. Quand tout va bien, jardiner n’est pas un problème. Je n’avais pas besoin d’un « jardin pour les beaux jours ». Je devais mieux comprendre comment jardiner quand les temps sont durs. J’avais besoin d’un potager plus résilient. Et j’avais besoin d’un potager qui améliorerait ma propre résilience dans tous les types de moments, bons et mauvais.


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