Bilinguisme

Ce billet s’inscrit dans une série pour le vendredi sur les Campagnonades. J’y parle de notre réalité de l’apprentissage hors des murs de l’école.

Quand les gens apprennent ou entendent que nos enfants sont parfaitement bilingues (ils ont deux langues maternelles, apprises en même temps, dès le départ), la plupart du temps ils les trouvent chanceux. Ce n’est pas faux: leur bilinguisme vient de la rencontre de leur mère francophone et de leur père anglophone – fruit du hasard hasard – …et du bilinguisme croissant que nous avons volontairement développé ensemble depuis: son français s’est amélioré en même temps que mon anglais s’est raffiné (je n’étais pas traductrice avant de le rencontrer!). Alors évidemment, les enfants sont bilingues. C’est nous qui sommes chanceux!

Pour l’apprentissage en famille, que nous faisons d’abord et avant tout en français (même si nos enfants auraient le droit de fréquenter l’école anglophone si nous en faisions la demande), la maîtrise de l’anglais permet d’avoir accès à des richesses quasi infinies, qu’on parle de ressources pédagogiques, de livres (moins chers!) et de sites, de documentaires, de jeux… (La collectivité des parents éducateurs américains est énorme, même si on se limite aux gens qui dispensent une éducation laïque, et les ressources parmi lesquelles puiser sont infinies.)

L’anglais acquis, nous ne le mettons pas au programme comme matière pour le moment (nous y viendrons pour la grammaire plus tard), en l’utilisant plutôt dans d’autres matières (en maths, en histoire, dans la vie, pour correspondre avec sa tante, etc.). Et je vais vous dire un secret, que j’ai appris avec le Coco et qui se confirme avec la Puce: la lecture anglaise est un virus. Il suffit que l’enfant bilingue soit exposé à la lecture en français pour que peu après, POUF!, il arrive en sachant lire l’anglais: il le prétend… et il le prouve! Quand le vocabulaire et la prononciation sont acquis et qu’on a compris le principe de la lecture, lire l’anglais, on dirait que chez nous, ça s’attrape! Atchoo, comme ils disent!

Je vous épargne la liste d’études récentes qui ont vanté les mérites du bilinguisme pour le cerveau (j’en ai vu passer une hier!). Je les crois tout en m’en méfiant, puisqu’elles disent ce que je veux entendre (en apparence, dans les médias, veux-je dire). Dans ma propre vie, évidemment, être bilingue (et j’ai pioché pour le devenir, à coups d’heures dans les dictionnaires – ce qui m’a mieux servi que les cours d’anglais) m’apporte des tonnes de bénéfices (et un travail!).

Ces temps-ci, j’y trouve un avantage auquel je ne m’attendais pas: ça concerne le français écrit! Quand un mot à écrire en français ressemble à son équivalent anglais… ma fille a plus de facilité à l’écrire! Champion ou chanpion? Bombe ou bonbe? L’anglais prononce son «amp», son «omb» et ma fille a sa réponse. Ça ne sera pas une panacée, mais c’est une corde à notre arc. Même chose pour les définitions: il suffit parfois de lui dire le mot dans l’autre langue – ce n’est pas le concept qui lui fait défaut, juste le mot.

Notre bilinguisme familial marque une différence entre nous et la majorité de notre collectivité immédiate. Entre nous et ce que l’école peut (et doit) offrir aux élèves du coin. Le choix de l’école-maison a aussi porté là-dessus, pour nous. Ce n’est pas que nous voulions ajouter de l’anglais au programme, c’est qu’il était déjà là, maîtrisé, et qu’il nous ouvrait des possibilités.

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