Anecdotes de deux solitudes

Ce matin, la chronique de Pierre Foglia me mène à vous raconter une petite histoire. Ce chroniqueur, je le lis immanquablement*. Je me dis souvent que si/quand La Presse devient payante en ligne, je paierai, mais pas en entier. Non, une seule chronique et rien d’autre, la sienne. (Et si tous les journaux en ligne deviennent payants, je résisterai sans doute un bon bout de temps, mais c’est Le Devoir qui aura mes sous finalement si je craque. M’enfin c’est ce que j’en pense maintenant. On verra!). Entre autres choses ce matin, monsieur Foglia commente une faute comme j’en vois tout le temps (déformation professionnelle: les fautes que je vois me font mal et les fautes, je les vois!), et qui me font parfois déraper moi aussi. Voici:

Sur le site de Radio-Canada, dans le compte rendu de la canonisation de Kateri Machin est écrit ce qui suit: on lui attribue la guérison d’un garçon de 5 ans qui aurait survécu à la bactérie mangeuse de chaire.

Attendez que je comprenne bien. La chaire étant cette estrade surélevée d’où le prêtre dit son sermon, cette mangeuse de chaire serait donc une sorte de termite mangeur de balustre qui serait soudainement devenu carnivore, probablement à cause des OGM que l’on retrouve dans les hosties, le termite en question se mettant à faire bonne chère de la chair d’un petit garçon dont on n’eût pas donné cher sans cette chère Kateri. Quelle histoire.

Ça m’a rappelé une anecdote. Quand l’Homme et moi nous sommes rencontrés, nous parlions ensemble beaucoup plus en anglais. Non seulement parce que c’était plus facile mais aussi parce que je n’avais jamais vécu en anglais, et qu’il n’y a pas meilleur moyen pour passer d’un bilinguisme plus-que-correct à un bilinguisme presque parfait (je suis traductrice après tout, et j’avais déjà la théorie et l’application écrite, mais l’oral est autre chose, que je voulais perfectionner). Les choses se sont renversées depuis et c’est maintenant son français à lui qui progresse par bonds. Mais bon. Au début donc, au fil d’une conversation, alors que je parlais vite mais sans encore avoir vraiment l’habitude des longues conversations badines en anglais, j’ai parlé de la fameuse bactérie… que j’ai appelée chair-eating bacteria… ou bactérie… mangeuse de chaises! Ça fait plus de dix ans de ça et je ne suis toujours pas capable de dire flesh-eating bacteria: je repense toujours à ma mangeuse de chaises! Et je me dis que ça serait idéal pour du terrorisme suédois: Donnez-moi mes millions ou je lâche ma bactérie dans vos entrepôts IKEA! 🙂

VOCABULAIRE — L’Homme, au fait, est un anglophone. Pas… un Anglais. Ça semble être un détail? Ouille que non. L’Homme a passé deux heures de toute sa vie en Angleterre, précisément à Heathrow. Ça ne fait pas de lui un Britannique plus que vous et moi. Beaucoup de gens le disent vite, sans réfléchir: c’est un Anglais. Non. Et ça le dérange qu’on le dise. C’est quand même un symptôme assez clair de l’absence de dialogue, quand on ne sait même pas qui est l’Autre! J’ai vécu l’inverse au printemps. Une gentille dame de la famille de l’Homme (une dame qui vit au Québec depuis très longtemps si ce n’est toujours) m’a demandé Are you French? Eh ben non. Je ne suis pas Française (même si je peux vous l’affirmer dans un accent parisien parfait qui vous fera douter!). Je suis francophone. Y a quand même toute une différence, et c’est la même chose avec mon… anglo. Si vous voulez le faire rigoler, demandez-lui: Are you an England? avec l’accent de Broue! (qu’il a vue; et vous?).

 

*Je vous ai déjà avoué être accro au hockey et à USPP. Eh bien c’est du passé. Le hockey a été abandonné l’hiver dernier (l’histoire de cet entraîneur unilingue, une goutte de trop dans un univers qui chie sur les francophones depuis le début mais on continue d’en redemander…) et le souper presque parfait l’a été cet été. Pas précisément, mais globalement, avec tout le reste de l’offre télévisuelle. Tout le reste. Je n’ai pour ainsi dire pas allumé le téléviseur depuis juin et tout le monde ici s’en porte très bien (quelques DVD, oui — ce n’est pas une thérapie ou une philosophie extrême!). Ça n’a pas été un choix conscient; ça s’est fait tout seul. Les reprises, les émissions estivales, non merci. Et recommencer à s’assoir l’automne venu, sans livre à la main? Pourquoi? J’ai si peu de temps à consacrer aux loisirs que je fais d’autres choix. Et pas question d’exposer la puce à n’importe quoi non plus (la réflexion là-dessus est entamée et risque de durée une éternité!).

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4 réponses à Anecdotes de deux solitudes

  1. La Marmotte dit :

    Y’aurais des tas de choses sur lesquelles laisser un commentaire pertinent à la suite de ton billet!

    Mais je peux pas…
    Je ris encore de la bactérie mangeuse de chaire et de chaises!

  2. Catherine dit :

    Si j’dis les anglos, c’est correct?

    Personnellement, Foglia me tape sur les nerfs quand il chiale contre ses lecteurs ou lorsqu’il parle de politique. Je l’aime lorsqu’il parle de vélo. J’y pense, pas grand chroniqueurs de La Presse que j’aime bien, sauf Rima Elkouri que j’adore. Lorsque je ne serai plus pauvre (lire lorsque je ne serai plus étudiante), je serai abonnée au Devoir.

    Par ailleurs, désolée pour les fautes d’orthographes surtout si ça t’horripile. Je porte toujours une attention particulière, mais je ne me relis pas donc il est possible que tu grinces des dents lorsque tu me lis 😉

    • vieux bandit dit :

      Hôlà! Y a une ÉNORME différence entre un truc publié par des professionnels dans un cadre professionnel et un commentaire laissé sur un blogue! Ce sont les professionnels, ceux qui devraient savoir ou devraient savoir qu’ils ne savent pas (et encore plus les grands médias qui reproduisent n’importe quoi sans relecture digne de ce nom) qui me dérangent. JAMAIS les gens qui font de leur mieux et dont c’est pas le métier (ou même dont c’est le métier quand ce n’est pas dans un cadre officiel: ça arrive et c’est tout!)

      Et moi le vélo… m’en contrefiche. Je lis Foglia quand même, ces jours-là, mais juste quand même.

      Et oui, anglos, c’est parfait!

      🙂