Mon père est mort lundi

Mon père est mort lundi. J’ai l’impression que je devrais en dire un mot, mais franchement, il était un étranger pour moi et moi une étrangère pour lui depuis plus d’un quart de siècle (c’était mon choix au départ, motivé par son comportement pendant les 15 années où je l’ai connu, mais ensuite c’était le sien aussi, puisque j’avais mis des termes clairs pour une ouverture possible, et il a choisi de ne pas saisir l’occasion, ce qui, bien franchement, ne m’a pas attristée; de toute façon, j’avais développé des réserves à cet égard depuis). Mes condoléances à sa famille, si elle les souhaite. Je n’ai pas grand chose d’autre à dire là-dessus: je ne ressens rien à ce sujet (peut-être une vague inquiétude que la cause de sa mort soit génétique, mais bon, hein, je peux aussi me faire tuer par un chauffard en allant chercher mon courrier de l’autre côté de la piste de course route où je vis). Vraiment: j’ai appris la nouvelle, et je me suis demandé ce que je ressentais, et seul le silence m’a répondu. Un silence neutre. Il y a longtemps, je croyais que la nouvelle me procurerait une certaine libération. Mais là, des décennies plus tard, même pas: elle ne change rien. Ah si, pourtant, elle me fournit une réponse plus simple à donner quand on me posera des questions à son sujet. Non pas je ne suis plus en contact avec lui, mais il est mort. Voilà, sujet clos, sans malaise.